Les pathologies des tendons, bien qu’elles puissent affecter toutes les catégories de la population, sont notamment la hantise des sportifs et véhiculent avec elles un certain nombre d’idées reçues. Faisons le point sur ces pathologies fréquentes qui affectent de manière préférentielle l’épaule (tendon de la coiffe des rotateurs), le poignet (abducteur, extenseur), la cheville (tendon calcanéen, tendon du tibial postérieur), le coude (tendon des épicondyliens), le genou (tendon patellaire, fascia lata, tendon des ischio-jambiers) et la hanche (moyen fessier).
Le tendon en souffrance
Différents termes se côtoient aujourd’hui pour parler de ce que l’on a coutume d’appeler de manière globale « tendinite ». Or pour décrire une pathologie en rapport avec le tendon, le terme de tendinopathie est aujourd’hui privilégié.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la souffrance de la structure tendineuse n’est pas forcément liée à la douleur que vous ressentez.
Il est possible d’avoir un tendon douloureux (tendinalgie) sans lésion ni atteinte de la structure. Inversement, un radiologue peut décrire un tendon dégradé (tendinose) à l’imagerie alors que vous ne souffrez pas de ce tendon. L’altération du tendon peut être secondaire à un excès de contrainte mécanique (tendinose), ce que l’on voit chez les sportifs ou peut se trouver dans un contexte d’une pathologie inflammatoire (tendinite).
Que se passe-t-il lorsqu’il y a tendinopathie ?
Plusieurs origines sont possibles dans la catégorie des souffrances mécaniques :
- Les troubles musculo-tendineux. Le tendon est, par définition, une structure inextensible (extensibilité inférieure à 6%) qui relie les os aux muscles. La perte d’élasticité du muscle oblige le tendon à supporter des contraintes d’allongement incompatible avec sa structure. En effet, le tendon n’est pas conçu pour avoir un rôle élastique et les tensions mécaniques génèrent une déformation plastique du tendon qui produit des micro-ruptures puis des macro-ruptures (tendinose).
- Les conflits entre le tendon et l’os. Les troubles articulaires peuvent modifier les pressions entre le tendon et l’os qui va générer d’abord des frictions puis une altération.
- Plus rare, il peut exister des tendinopathies dans les suites d’un choc externe sur le tendon.
Pour ces tendinopathies d’origine mécanique, les contraintes répétitives constituent la cause la plus fréquente. Les symptômes apparaissent souvent de manière progressive. Néanmoins, il existe des lésions traumatiques d’apparition brutale qui s’observent dans le sens des fibres. Ce sont les tendinopathies fissuraires.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, les tendinopathies ne sont pas l’apanage des sportifs. En effet, ils ne sont pas les seuls à effectuer des gestes répétitifs. C’est la raison pour laquelle certaines professions, de fait des mouvements constamment répétés qu’elles induisent sont particulièrement pourvoyeuses de tendinopathies mécaniques. On retrouve également des tendinopathies chez le sujet âgé secondaires à la faiblesse et l’enraidissement musculaire (hanche, pied, poignet/main) ou à la perturbation mécanique de certaines articulations (épaule, poignet, cheville et pied).
En dehors des origines mécaniques, il existe des désordres biologiques, parfois liés à des pathologies rhumatismales inflammatoires ou à des pathologies génétiques, qui altèrent la structure tendineuse.
Au-delà des causes, il existe des facteurs de risque mécaniques et biologiques. D’un point de vue mécanique, il s’agit du vieillissement du tendon, de la faiblesse et de l’enraidissement musculaire qui sont les principaux facteurs de risque.
Pour ce qui relève du champ du biologique, l’alimentation et le défaut d’hydratation sont aussi des causes décrites. Certains médicaments sont mis en cause dans le cadre des tendinopathies. En revanche, l’effet des modifications hormonales sur les tendons n’a pas fait l’objet d’étude scientifique.
Quels sont les principaux symptômes d’une tendinopathie ?
Le principal symptôme est la douleur. Dans les premiers temps, vous ressentez une douleur qui survient après l’effort.
Puis, dans l’évolution, cette douleur arrive dès le début de l’activité, disparaît pendant et revient ensuite après l’effort.
Pour les cas les plus évolués, la douleur est permanente.
Certaines personnes ne perçoivent pas de douleurs : dans ce cas, la tendinopathie s’exprime par des sensations de crépitements.
Parfois enfin, on ne ressent rien de particulier et c’est uniquement l’apparence modifiée du tendon, souvent une augmentation de volume, qui peut être le symptôme observé.
Comment prévenir les tendinopathies ?
D’un point de vue biologique, une alimentation équilibrée et une hydratation régulière relèvent du bon sens.
D’un point de vue mécanique, le renforcement musculaire, principalement excentrique associé aux étirements représente le principal axe de prévention.
Régulièrement, un bilan préventif ostéo-articulaire chez un kinésithérapeute permet de dépister les troubles mécaniques articulaires bien avant qu’ils ne deviennent symptomatiques et dangereux pour le tendon.
J’ai mal, je suspecte une “tendinite”, que dois-je faire dans l’immédiat ?
L’important est de poursuivre une activité physique relative qui ne provoque pas de douleur. En effet, l’arrêt complet est un facteur de chronicisation (c’est à dire que cela va contribuer à ce que la douleur s’installe plus durablement).
Vous devez consulter votre médecin afin de déterminer l’origine de la tendinopathie, mécanique et biologique. Dans le cas des tendinose ou des tendialgie, le traitement adapté sera la rééducation.
L’arrêt du sport est-il obligatoire ?
L’arrêt complet de l’activité sportive et le repos strict sont des vestiges du passé qu’il faut aujourd’hui proscrire. Il convient, au contraire, de poursuivre sa pratique en la modifiant pour qu’elle ne provoque pas de douleur ou de la changer. Le repos est, en effet, synonyme de perte de force musculaire et d’enraidissement qui représentent les principaux facteurs de risque. Le repos épargne certes le tendon des contraintes mais majore les facteurs de risque ce qui le rend délétère car il favorise le passage à la chronicité.
Quel est le rôle du kiné dans la prise en charge de la tendinopathie ?
Le rôle du kinésithérapeute est évidemment de soulager et d’éviter la douleur lors des mouvements de la vie quotidienne, professionnelle et sportive. Mais cette vision symptomatique n’est pas suffisante pour éviter les récidives qui représentent le principal problème de cette pathologie. Ainsi doit-il également identifier les facteurs de risque de manière à pouvoir agir sur la cause de la perturbation fonctionnelle.
Dans un premier temps, il effectuera ainsi un bilan rigoureux pour bien identifier la pathologie et écarter les autres tableaux cliniques.
Ensuite, l’histoire de la maladie décrite par le patient confronté à l’examen clinique fait par le praticien permettra de définir les causes fonctionnelles à l’origine de la tendinopathie.
Les moyens en rééducation sont variés et dépendent principalement des facteurs déclenchants (éléments étiologiques) et de l’expertise du kiné. Un protocole thérapeutique personnalisé est ensuite établi et confronté aux meilleures preuves scientifiques disponibles dans la littérature médicale.
Quelles sont les conséquences d’une tendinopathie non prise en charge ou mal prise en charge ?
En théorie, une tendinopathie non traitée peut aboutir à une rupture. Néanmoins, plus de 80% des ruptures tendineuses sont rencontrées chez des sujets qui n’ont jamais eu de problème au tendon.
L’évolution vers la douleur chronique tendineuse est la principale issue d’une tendinopathie non traitée. Plus vous attendez, plus votre tendon se dégrade, plus la chronicisation de la douleur se fixe et plus la prise en charge est complexe avec un impact sur le résultat final.
De fait, ne tardez pas à consulter et à prendre rendez-vous avec votre kinésithérapeute.