La maladie de Parkinson est une maladie neuro-dégénérative diagnostiquée en général vers l’âge de 60 ans. En France, 200 000 personnes sont porteurs de la maladie de Parkinson et environ 25 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
Elle se caractérisée par la destruction d’une population spécifique de neurones : les neurones à dopamine de la substance noire du cerveau. Ces neurones sont impliqués dans le contrôle des mouvements.
De fait, elle engendre des troubles moteurs : tremblements, rigidité, akinésie (c’est à dire lenteurs des gestes) puis dans les phases plus avancées et installées des dyskinésies (mouvements anormaux involontaires) liés aux effets secondaires du traitement et des troubles axiaux (chutes, perte d’équilibre, troubles de déglutition etc.). ll existe également d’autres manifestations d’ordre cognitif (mémoire, capacité à s’adapter aux changements, etc.) et végétatifs (œdèmes, troubles urinaires, etc.).
Si l’on ne peut, à ce jour, stopper l’évolution de la maladie, des traitements médicamenteux existent et la prise en charge en kinésithérapie, complémentaire aux médicaments, apporte une aide précieuse pour permettre au malade de conserver aussi longtemps que possible sa qualité de vie, son autonomie et ses capacités physiques. On sait d’ailleurs que les traitements sont plus efficaces si les capacités physiques sont entretenues au mieux.
La rééducation en kinésithérapie
Si la maladie de Parkinson est une maladie chronique qui évolue différemment d’une personne à une autre et que les symptômes présentés sont individuels, la kinésithérapie est recommandée par la Haute Autorité de Santé dès le diagnostic initial et la rééducation doit être débutée le plus tôt possible en complément du traitement médical.
La kinésithérapie s’intéresse avant tout à la symptomatologie motrice – qu’il s’agisse des signes typiques de la maladie ou des complications liées aux médicaments, sans pour autant nier les autres aspects de la maladie et en prenant bien évidemment en compte les spécificités de chaque patient.
L’objectif est de promouvoir l’activité physique, de maintenir les patients au plus haut de leurs performances motrices et de les aider à gérer au mieux les troubles des mouvements et leur impact sur la vie quotidienne.
Évidemment, cette rééducation s’adapte à l’évolution de la maladie :
-
Dans la période initiale de la maladie
Cette période fait suite à l’annonce du diagnostic. Les symptômes sont encore peu invalidants et bien contrôlés par les médicaments. Le patient mène une vie quasiment normale.
Dans certains cas, une surveillance, à raison d’un rendez-vous chez le kinésithérapeute tous les deux à trois mois sera suffisante afin d’effectuer un bilan moteur et de s’intéresser aux modifications de la posture, à surveiller l’équilibre ou encore à évaluer la douleur. Le kinésithérapeute s’efforcera aussi de conseiller le malade et de l’encourager à entretenir une activité physique (marche nordique, taï-chi, qi-gong, gymnastique douce, rameur, tango…).
Il s’agit avant tout de rassurer le patient, de lui faire comprendre qu’il n’y a pas d’interdit formel. L’information délivrée et les conseils de prévention sont ici primordiaux.
Dans d’autres cas, une rééducation en ville sera proposée. Elle s’effectue en individuel ou par petits groupes de malades d’un même niveau de performances physiques. Les programmes d’exercices proposés sont conçus pour être ludiques et visent à améliorer la vitesse d’exécution des mouvements, l’adaptation respiratoire à l’effort, l’équilibre et les qualités d’endurance, en particulier à la marche. Ils visent également à travailler l’amplitude et la souplesse. Évidemment, ces programmes ne pourront être mis en place qu’en l’absence de contre-indication médicale, notamment d’hypotension orthostatique ou induite par l’effort.
Le suivi pourra être organisé sous forme hebdomadaire ou sous forme de stages ponctuels entre lesquels le patient effectuera lui-même des exercices à la maison.
-
Dans la période installée
Après cette première phase qui peut durer entre 4 et 8 ans, la maladie progresse. Les signes déjà présents s’accentuent et des complications apparaissent : instabilité, piétinement (ou “freezing”) ou encore des troubles de l’équilibre et/ou de la posture. Certaines de ces complications sont induites également par les traitements : des fluctuations d’efficacité dans une même journée (effet “on-off” ce qui oblige à adapter les exercices à la situation du moment) et des dyskinésies.
L’autonomie du patient et la qualité de vie commencent alors à décroître.
Enfin, dans une phase plus avancée, des troubles axiaux vont se manifester : raideur vertébrale, mouvements impliquant l’ensemble du corps, troubles de la marche plus prononcés… Ces troubles axiaux étant malheureusement peu sensibles aux traitements médicaux, la rééducation kinésithérapeutique est particulièrement importante. Il en va de même pour les troubles de la déglutition.
Le kinésithérapeute propose des exercices servant à diminuer les répercussions de la maladie sur la détérioration de la force, de l’endurance, de la souplesse et de l’équilibre.
Il corrige également les grandes fonctions de la marche tant en termes de qualité (longueur, vitesse, symétrie, et s’aide de dispositifs de marquage au sol ou de stimulations auditives) que de quantité (en incitant les patients à marcher au moins 30 minutes par jour).
Le kinésithérapeute participe également pleinement à l’éducation thérapeutique du patient qui permet à celui-ci d’être acteur de son soin et de gérer au mieux la maladie au quotidien. Il enseigne des stratégies applicables seul ou par un proche, pour surmonter les difficultés à générer des mouvements automatiques.
Enfin, au stade avancé, la kinésithérapie peut encore aider à préserver la capacité physique résiduelle, à faciliter les soins, à réduire le risque de chutes et à minimiser les douleurs afin de maintenir le plus longtemps possible le patient à son domicile dans les meilleures conditions.
La maladie de Parkinson, maladie chronique évolutive, dont la variabilité des symptômes empêche l’adaptation du malade à son handicap et le fait douter de ses possibilités, ne dispose pas encore de traitement curatif. La prise en charge par le kinésithérapeute doit rester constante afin de demeurer efficace et d’accompagner au mieux le malade afin de préserver sa qualité de vie.
Article écrit avec l’aide de Jean-Pierre BLETON
Docteur en Sciences du Mouvement Humain
Clinicien Chercheur – DRCI
Kinésithérapeute, Unité James Parkinson – Fondation Rothschild