La chirurgie du rachis qui consiste en une opération du dos est une discipline de la neurochirurgie ou de la chirurgie orthopédique spécialisée dans le traitement des différentes pathologies qui peuvent affecter la colonne vertébrale et les éléments nerveux qu’elle contient (moelle spinale, nerfs spinaux et leurs enveloppes méningées).
La kinésithérapie joue un rôle crucial avant et après l’intervention. C’est un vrai travail d’équipe entre le chirurgien, le kinésithérapeute et le patient qui permet d’avoir de bons résultats.
Qu’est ce que la chirurgie du rachis ?
Le rachis ou plus communément appelé « le dos » comprend les vertèbres cervicales (le cou), thoraciques ou dorsales (entre les omoplates), et lombaires (en bas du dos), le sacrum et le coccyx.
La chirurgie du rachis consiste à opérer le dos, le plus fréquemment au niveau des lombaires et des cervicales. Le chirurgien peut être amené à retirer une hernie discale, à élargir le canal qui parcourt le dos, à fusionner deux ou plusieurs vertèbres (on parle alors d’arthrodèse)… chaque opération est unique et personnalisée en fonction des symptômes du patient.
Par exemple, une hernie discale peut venir comprimer une racine nerveuse et déclencher une douleur dans le membre supérieur (en cas de hernie discale cervicale, nous parlons alors de névralgie cervico-brachiale) ou dans le membre inférieur (en cas de hernie discale lombaire, nous parlons alors de sciatalgie ou de cruralgie).
Les cas où la chirurgie du rachis sont indiqués sont les suivants :
- Une douleur intense dans le bras ou la jambe qui résiste à un traitement médical bien conduit (repos, médicaments, rééducation), le délai pour décider de l’intervention dépendant de l’intensité de la douleur et de sa durée,
- Une paralysie dans le bras (difficultés à porter un objet, à écrire…) ou dans la jambe (difficultés à monter sur la pointe des pieds ou marcher sur les talons…)
- Plus rarement devant des troubles vésico-sphinctériens (fuites urinaires)
Il est très rare d’opérer un patient seulement pour une douleur de dos !
À quels moments intervient le kinésithérapeute ?
Le kinésithérapeute intervient avant et après la chirurgie du rachis.
Avant l’opération, le kinésithérapeute aide le patient à conserver le mouvement et à préserver son autonomie. Il peut contribuer à diminuer les douleurs du patient (traitement antalgique au niveau du dos, grâce à du massage par exemple) et également lui donner des astuces en termes d’ergonomie (comment conserver une certaine autonomie dans les activités de la vie quotidienne par exemple).
Le kinésithérapeute aide également le patient à se préparer pour l’intervention : s’il n’a pas trop mal, le patient va pouvoir réaliser des activités et des exercices spécifiques de renforcement musculaire et d’étirements.
Après l’intervention, le rôle du kinésithérapeute est essentiel : il guide le patient pendant la période de cicatrisation puis l’aider à reprendre ses activités sportives et professionnelles.
Quels sont les objectifs de la kinésithérapie après une chirurgie du rachis ?
La récupération post-opératoire se décompose en différentes phases :
- La première phase correspond à la phase de cicatrisation ou de consolidation. Pendant cette période, de 3-4 semaines pour une hernie discale lombaire à 2 mois pour une arthrodèse lombaire, le kinésithérapeute donne au patient des consignes d’ergonomie à respecter afin de ne pas se refaire mal (comment soulever une charge, rentrer et sortir du lit, éviter de se pencher en avant).
- Ensuite, la véritable rééducation commence. Elle a pour objectif de permettre au patient de reprendre ses activités sportives et professionnelles.
Quelles sont ses modalités de cette prise en charge ?
Lors de la première séance post-opératoire (3 à 4 semaines en post-opératoire pour un patient opéré d’une hernie discale lombaire), le kinésithérapeute procède à un bilan initial. Lors de ce bilan, le thérapeute évalue la force musculaire (notamment des muscles du dos et de la sangle abdominale), la souplesse (des membres inférieurs et du dos par exemple) ainsi que la condition physique du patient. Ce bilan est également l’occasion d’évaluer les douleurs potentielles et de recueillir les objectifs du patient. Suite à cette évaluation initiale, la rééducation peut véritablement débuter.
En général, le patient réalise 2 à 3 séances par semaine, surtout au début de la rééducation, puis peut espacer les séances s’il le souhaite. La durée du traitement est d’environ 1 à 2 mois et les séances durent en général de 30 minutes à 1h30. Certaines séances peuvent se dérouler avec d’autres patients, sous forme de circuit avec différents exercices.
L’objectif de la rééducation fonctionnelle est de redonner du mouvement au dos, d’autonomiser le patient, lui redonner confiance, bien loin des consignes de prudence données lors de la période de cicatrisation. Les séances comprennent en général une activité de renforcement musculaire, des étirements, ainsi qu’une activité d’endurance telle que du vélo en salle. Un des avantages de la rééducation du dos est qu’elle ne nécessite pas beaucoup de matériel (un tapis, un gros ballon, une sangle rigide, entre autres), le patient peut donc à moyen terme entreprendre la réalisation d’exercices à domicile et réaliser un suivi d’entretien, si nécessaire, avec son kinésithérapeute.
A long terme, le kinésithérapeute incite le patient à reprendre l’ensemble de ses activités, selon ses envies et possibilités. Il peut également conseiller plus généralement le patient concernant son hygiène de vie et les mesures de prévention qu’il peut mettre en place pour faire de l’entretien physique.
Quel est le rôle du kiné dans l’éducation thérapeutique du patient ?
Les programmes d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) sont très spécifiques et ne concernent que très rarement des patients en post-opératoire. Le plus souvent, les patients opérés peuvent réaliser leur rééducation dans un cabinet de kinésithérapie ou en centre de rééducation.
Les programmes d’ETP qui concernent le dos sont généralement en lien avec « l’école du dos » ou la gestion de la lombalgie (douleur en bas du dos) persistante. Les rôles du kinésithérapeute sont alors multiples :
– réaliser une évaluation initiale, intermédiaire et finale du patient, selon une approche « bio-psycho-sociale »,
– proposer au patient des exercices spécifiques qui peuvent l’aider à gagner de l’autonomie et reprendre ses activités,
– informer le patient (lui expliquer par exemple le fonctionnement de la douleur) ainsi que l’accompagner dans la réalisation de ses objectifs, avec une approche motivationnelle.
Pour ceci, dans les programmes d’ETP, le kinésithérapeute se coordonne avec différents professionnels de santé (médecin, diététicien, psychologue) afin de proposer un accompagnement adapté.
Quels sont les conseils à donner à un patient qui vient d’être opéré du rachis ?
Le premier conseil est de respecter les consignes dispensées par l’équipe de soin à l’hôpital afin de respecter le temps de cicatrisation. Rien ne sert de trop en faire durant cette période. Il est en général recommandé de marcher en moyenne une heure par jour.
Certaines équipes ont développé des services innovants. Ainsi, dans le service du Centre Aquitain du Dos, un des kinésithérapeutes, François Ripoll, a développé une application mobile disponible gratuitement sous Android, « DOADO ». Cette application reprend les recommandations d’ergonomie sous forme de vidéos et propose de l’information concernant la pathologie et la récupération après l’opération.
Le deuxième conseil est de se diriger vers une rééducation active avec son kinésithérapeute une fois la cicatrisation acquise. Il peut être tentant de se diriger vers des traitements passifs, ceux-ci n’ont malheureusement pas d’effet positif à moyen et long terme. Ainsi, il est important de se reconditionner physiquement à l’effort pour reprendre ses activités professionnelles et sportives. Libre au patient de continuer un entretien régulier à moyen et long terme.
Le dernier conseil est de reprendre autant que possible le mouvement une fois la période de cicatrisation terminée, en lien avec la rééducation. Avant et après l’opération, le patient passe de nombreux examens (radio, IRM, scanner) qui peuvent mettre en évidence des lésions au niveau du dos. Or ces lésions peuvent n’avoir aucun impact sur la douleur ou sur une potentielle incapacité fonctionnelle. Ainsi, à moyen et long terme, il est essentiel de ne pas s’appuyer sur ces examens et souvenirs de la chirurgie pour avancer et aller de l’avant. Après une chirurgie, sauf indication particulière, le patient peut avoir confiance en son dos et reprendre ce qu’il aime faire, selon ses possibilités et ses envies. Le kinésithérapeute est un partenaire de choix pour accompagner le patient durant les différentes phases de sa récupération et de son entretien.