L’arthrose est la maladie articulaire la plus répandue : 10 millions de français sont concernés dont 65% des plus de 65 ans. C’est aussi la principale cause de consultation médicale après les maladies cardiovasculaires.
Aussi fréquente soit-elle, l’arthrose véhicule un certain nombre d’idées reçues et peu de personnes savent ce qu’elle recouvre exactement.
Apprenons à mieux la connaître pour mieux la prévenir et la prendre en charge.
Qu’est ce que l’arthrose ?
Longtemps considérée comme une “maladie de vieux” et comme une pathologie d’usure des cartilages, l’arthrose est désormais mieux comprise et mieux étudiée.
On sait aujourd’hui que l’arthrose est une maladie chronique de l’articulation qui se caractérise par une destruction du cartilage qui s’étend à toutes les structures de l’articulation, notamment à l’os et au tissu synovial.
Le cartilage est ce qui “tapisse” les extrémités osseuses d’une articulation, leur permettant de glisser l’une sur l’autre. Dans l’arthrose, il perd en épaisseur, se fissure et finit par disparaître.
Elle touche préférentiellement les genoux (la gonarthrose est la principale cause d’incapacité dans les pays développés), les doigts, la hanche, le rachis cervical et lombaire, l’épaule et le coude.
L’arthrose se manifeste par :
- Un fond douloureux peu intense mais constant
- Des poussées inflammatoires très douloureuses
- Des raideurs
- Une gêne fonctionnelle qui affecte les activités de la vie quotidienne.
À noter : il n’y a pas de corrélation entre les lésions décelables à l’imagerie et l’intensité de la douleur.
Plusieurs facteurs de risques ont pu être identifiés et contrairement à ce que l’on peut habituellement penser l’arthrose n’est pas un processus pathologique uniquement lié au vieillissement.
Ses principaux facteurs sont :
- L’âge : l’arthrose concerne 3% des moins de 45 ans, 65 % des plus de 65 ans et 80 % des plus de 80 ans
- Des désordres métaboliques liés à un syndrome métabolique se traduisant par un taux élevé de triglycérides, un diabète ou un pré-diabète, une hypertension, un surpoids ou une obésité.
- Une fragilité naturelle du cartilage et certaines anomalies anatomiques ou séquelles de traumatisme (fracture articulaire, entorse négligée, luxation, ablation du ménisque). C’est typiquement l’arthrose du jeune.
D’autres facteurs tels que la sédentarité et le manque d’exercice physique, les hormones (l’œstrogène semble avoir un rôle protecteur) ainsi que certaines maladies des articulations (comme la chondrocalcinose (dépôts de calcium dans le cartilage), l’ostéonécrose ou la polyarthrite rhumatoïde) sont également pointées du doigt. En revanche, l’hérédité est assez peu mise en cause malgré les idées reçues sur le sujet.
À lire ces facteurs, on comprend bien que l’arthrose n’est pas inéluctable. Non seulement tous les seniors n’en souffrent pas mais aussi un certain nombre de mesures de prévention contribuent à l’éviter. En outre, ce n’est pas parce que l’on a de l’arthrose que tout est “foutu” !
La prévention et la prise en charge de l’arthrose
Le rôle de l’hygiène de vie et de l’activité physique
Le surpoids, l’obésité et le syndrome métabolique ainsi que la sédentarité et les traumatismes sont des facteurs de risques modifiables sur lesquels vous pouvez agir pour lutter contre l’arthrose.
Le sport et l’activité physique au sens large sont un vecteur essentiel de prévention de l’arthrose non seulement parce qu’ils permettent de régénérer les tissus abîmés par la maladie mais également parce qu’ils ont un impact positif sur l’appareil locomoteur en général ainsi que sur les systèmes cardiovasculaire, pulmonaire, endocrinien… De fait, ils permettent de lutter aussi bien contre l’arthrose liée à l’âge que sur l’arthrose métabolique en contribuant à combattre l’hypertension, le (pré-)diabète et le surpoids.
On recommande en général 30 minutes à une heure d’activité physique quotidienne qu’il s’agisse tout autant de marche rapide, de vélo, de natation, etc.
Si vous êtes sédentaire, la reprise doit être progressive, régulière et raisonnée en fonction de vos capacités et de votre état de santé.
Quel que soit votre niveau sportif, veillez à conserver une certaine hygiène dans votre pratique et de ne pas tomber dans l’excès : rappelez-vous que les traumatismes comme les ruptures de ligament croisé ou les entorses mal soignées sont également des facteurs de risque.
Et évidemment, en cas de traumatisme, ne négligez pas la rééducation auprès d’un kinésithérapeute. Cela aussi fait partie de la prévention de l’arthrose !
Une alimentation saine et équilibrée aura également un impact positif en termes de prévention en particulier lorsque l’arthrose a une cause métabolique. Il n’y a cependant pas d’aliment miracle, ni d’aliment à éviter. Ainsi contrairement à ce que certains discours laissent à croire, les produits laitiers, par exemple, ne sont pas à diaboliser.
La prise en charge en kinésithérapie
Si le traitement non pharmacologique de l’arthrose est axé essentiellement sur l’amélioration de la forme physique générale, la kinésithérapie y trouve une place majeure. Elle a pour objectifs de remettre le patient en mouvement, de lutter contre la kinésiophobie (c’est à dire la peur de la douleur liée au mouvement) et de lui proposer une éducation thérapeutique afin qu’il soit lui-même acteur de sa prise en charge. Elle vise également, bien sûr, à traiter les symptômes en diminuant la douleur et les raideurs et en améliorant l’amplitude articulaire.
Les moyens mis en place sont nombreux et adaptés au patient mais aussi à ses poussées d’arthrose.
En antalgie, c’est à dire contre la douleur, le kinésithérapeute pourra avoir recours aux méthodes de physiothérapie : électrodes, chaud, froid…
Il aura également recours aux techniques kinésithérapeutiques à proprement parler : massages, étirements, mobilisations, renforcement musculaire, travail fonctionnel et exercices thérapeutiques.
Les traitements médicamenteux
Il n’existe aujourd’hui pas de traitement pharmacologique de l’arthrose à proprement parler. Toutefois votre médecin pourra vous prescrire au cas par cas des antalgiques de paliers 1 ou 2 pour vous soulager, notamment pendant les poussées inflammatoires. Les anti-inflammatoires par voie orale ou en infiltration pourront également vous être proposés- tout en gardant en tête qu’ils ne soignent pas l’arthrose et sont là pour vous soulager.
Notez enfin que les compléments alimentaires n’ont pas fait la preuve de leur efficacité et qu’une vigilance s’impose sur ceux contenant de la glucosamine et de la chondroïtine pouvant engendrer des effets indésirables comme le souligne un récent avis de l’ANSES