Tout cela pour dire qu’il faut tout relativiser. Y compris les discours largement, voire exagérément relayés, selon lesquels une grande majorité de masseurs-kinésithérapeutes seraient opposés à l’Ordre ou, au moins, à une cotisation jugée excessive et tout juste bonne à apporter de confortables revenus aux élus ordinaux.
Relayer ce genre de discours relève d’une méconnaissance manifeste du monde de la masso-kinésithérapie : à peine la profession fut-elle reconnue en 1946, que ses membres les plus représentatifs réclamèrent la création d’un ordre. Une demande qui ne s’est jamais démentie depuis et qui a toujours été portée par toutes les instances syndicales, notamment celles représentants les libéraux qui constituent 80 % de l’effectif de la profession.
Alors pourquoi voit-on, aujourd’hui, se développer une telle campagne contre l’ordre ? Plusieurs raisons à cela : les manifestants si peu nombreux soient ils trouvent chez des opposants « politiques » à l’instance ordinale, un relai qu’ils n’auraient jamais pu espérer trouver il y a peu… et notamment si les résultats de l’élection du bureau national, en juillet 2006, avaient été différents.
D’autre part, il convient de souligner que les messages qui sont diffusés, notamment dans les blogs et souvent sous couvert d’anonymat, ne constituent pas, par définition, une source d’information exacte.
D’autre part, les grandes centrales syndicales trouvent là l’occasion de fédérer autour d’elles des salariés auparavant peu enclins à les rejoindre tant ils ne représentaient pas, pour elles, une manne importante.
Alors disons la vérité : celle des chiffres. Sur les quelques 62 000 praticiens exerçant dans notre pays, 42 948 étaient inscrits à l’Ordre le 6 juin dernier, soit 69,3 % des masseurs-kinésithérapeutes. Ces praticiens se répartissent ainsi : 39 156 libéraux (78,8 % des libéraux), 3 792 salariés (29,3 % des salariés). Ces chiffres incontestables signifient que 7 praticiens sur 10 ont fait leur devoir en s’inscrivant au tableau de l’Ordre. On est bien loin du refus massif dont on nous parle sans cesse.
Et dans ces chiffres, il n’y a rien de relatif.