Le Conseil national de l’Ordre rappelle que si la possibilité de diriger un institut de masso-kinésithérapie sans être titulaire du diplôme de masseur-kinésithérapeute devait être reconnue, cela placerait la kinésithérapie française dans une situation anachronique sur le plan international, contraire au développement de filière universitaire propre.
Cette démarche tend à déprofessionnaliser (Cf les travaux du sociologue Eliot Friedson) les métiers paramédicaux, leur retirant de facto le contrôle de leur système de formation. En effet, si les professions médicales ont pu acquérir le statut de profession et évoluer dans l’élaboration d’une formation fondée sur des savoirs basés sur la preuve, c’est en bénéficiant d’un corps d’enseignant-chercheur ayant une double compétence : professionnelle, d’une part, et scientifique, d’autre part.
Le Conseil national de l’Ordre réaffirme, malgré la réponse de la DHOS, que ce choix placerait le directeur d’institut en état d’a-culturation professionnelle, ce qui contribuera inévitablement à le mettre en incapacité à travailler sur la didactique des savoirs professionnels. Ainsi, il sera réduit à un gestionnaire administratif de structure.
Ce modèle est à la fois contraire au modèle de développement des professions et au modèle international de la profession de masseur-kinésithérapeute (physiotherapist). En effet, les professions médicales (médecine, pharmacie, odontologie) ont pu évoluer dans l’élaboration d’une formation basée sur des savoirs basées sur la preuve, par l’impératif d’une double compétence professionnelle d’abord et universitaire, de façon complémentaire.
Ce modèle de la double compétence est constant dans tous les pays, où les directions d’instituts de formations sont confiées à des personnes issues de la profession et ayant acquis un grade universitaire de master ou de docteur.
Si ce choix devait être fait, il placerait la kinésithérapie française dans une situation anachronique sur le plan international, contraire au développement de filière universitaire propre, indispensable à l’amélioration constante de la qualité des actes. Il ramènerait la kinésithérapie 60 ans en arrière, où les instituts de formations étaient le plus souvent dirigés par des non-kinésithérapeutes.
L’application du dogme de la flexibilité et de l’interchangeabilité des opérateurs ne peut pas être « la solution » à la nécessaire évolution du système de santé. Des réponses pragmatiques, cohérentes avec les modèles internationaux ayant fait preuve de leur pertinence, doivent être choisies, sans tabou et sans prêt-à-penser. Nous invitons instamment la DHOS à revoir sa position.