En confirmant l’absence de fondement scientifique le rapport de l’INSERM renforce l’avis du conseil national
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié en mai 2017 un rapport intitulé : « Évaluation de la kinésiologie appliquée et des kinésiologies énergétiques : fiabilité et validité du test musculaire manuel, efficacité et sécurité des pratiques*. » Ce rapport cite l’avis du conseil national et confirme que « ni la kinésiologie appliquée professionnelle ni la kinésiologie énergétique n’ont fait à ce jour la preuve de leur efficacité. »
Ce document de 147 pages qui consiste en une revue de la littérature médicale scientifique et de la littérature destinée aux professionnels précise d’entrée qu’« il faut en particulier souligner qu’il n’y a aucun point commun entre la kinésiologie au sens français du terme (qu’il s’agisse de la kinésiologie appliquée professionnelle ou des kinésiologies énergétiques) et la kinésithérapie. »
A cet égard il explique que « la kinésithérapie est une technique de rééducation pour retrouver une fonction motrice normale. Les techniques de bases sont le massage et la gymnastique médicale.» Il rappelle que « le conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes ne reconnaît pas la « kinésiologie » comme une qualification, un diplôme, un titre, un grade, une fonction, une spécificité ou une spécialité de la masso-kinésithérapie. Pour cette raison, l’usage des termes de « kinésiologue » et/ou « kinésiologie » par un masseur-kinésithérapeute, constitue une faute disciplinaire au sens des articles R 4321-123, R 4321-124 et R 4321-125 du code de la santé publique » (Avis du conseil national de l’ordre des masso-kinésithérapeutes du 19 et 20 juin 2013). »
En outre, le rapport retranscrit l’avis de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) qui qualifie la kinésiologie de « pratique à risque en considérant qu’il s’agit de la mise en œuvre de pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique non éprouvées scientifiquement, qui seraient réalisées par des personnes ou des groupes peu scrupuleux, qui peut se révéler dangereuse pour des individus si le praticien en faisant usage tend à vouloir user de ces pratiques pour déstabiliser psychologiquement ou physiquement les personnes qu’il suit, en leur faisant abdiquer tout esprit critique ou discernement. »
« Depuis 2002, la Miviludes reçoit régulièrement des signalements concernant la pratique de la kinésiologie et de techniques associées (comme la BrainGym par exemple), proposées dans des contextes variés : en individuel ou en groupe, dans des contextes privés ou public, à visée d’enseignement/de formation, de coaching, de relation d’aide » ajoute le rapport.
Il conclut que « ni la kinésiologie appliquée professionnelle ni la kinésiologie énergétique n’ont fait à ce jour la preuve de leur efficacité et le test musculaire manuel sur lequel elles reposent n’a pas fait la preuve de sa reproductibilité ni de sa validité diagnostique. Les données en termes de sécurité sont insuffisantes, et des risques potentiels ont été soulignés, liés notamment au positionnement du praticien, et au risque de mise sous emprise. Ce risque est partiellement circonscrit dans le cas de la kinésiologie appliquée réservée aux professionnels de santé, qui exercent dans les cadres définis par leurs professions. Un tel cadre n’est pas présent dans le champ de la kinésiologie énergétique, et la plus grande prudence s’impose lors du recours à ces pratiques, de surcroît très hétérogènes. Une réflexion générale autour de la mise en place d’un système de surveillance, ainsi que sur les moyens de prévention des risques de dérive serait pertinente, aussi bien pour la kinésiologie que pour d’autres pratiques non conventionnelles s’insérant dans le champ de la relation d’aide. »
- Évaluation de la kinésiologie appliquée et des kinésiologies énergétiques
Expertise scientifique réalisée par l’unité Inserm U1178 à la demande du Ministère de la Santé (Direction Générale de la Santé). Mai 2017