Rencontre avec Jean Maillard, ancien kinésithérapeute du Stade de Reims
Alors que certains semblent s’étonner et considèrent que les kinésithérapeutes se découvriraient, opportunément, une attirance pour le sport, nous avons demandé son avis à un de ceux qui fut un des pionniers de la prise en charge des sportifs. C’était juste après la Seconde guerre mondiale.
Jean Maillard a été diplômé en 1946. Il faisait partie d’une promotion de 6 étudiants de l’école de la rue d’Assas. Installé à Reims en 1948, il fut ; jusqu’en 1958 kinésithérapeute de l’équipe de football du Stade de Reims et de l’équipe de France B puisqu’à l’époque, une seconde formation servait de réservoir à l’équipe A.
Auparavant, il avait travaillé pendant deux ans dans l’équipe des frères Judet, fameux chirurgiens orthopédiques de l’époque. Déjà versé dans le monde du sport, il avait exercé son art auprès d’une des gloires du vélo d’après-guerre, Jean Robic, lequel remporta la Grande Boucle en 1947. Son expérience avec le cyclisme s’est arrêtée en 1948 lorsqu’il arriva au Stade de Reims.
Dès son installation à Reims, Jean Maillard a été contacté par les dirigeants du club champenois qui cherchaient un kinésithérapeute pour prendre en charge les joueurs de l’équipe de football. Une lourde charge pour le jeune kinésithérapeute puisque pendant des années, le Stade de Reims accumulé un fort beau palmarès et constitua, pendant de nombreuses années un précieux pourvoyeur de joueurs pour l’équipe de France. Des rémois célèbres comme Albert Batteux, Robert Jonquet, Roger Marche, Raymond Kopa, Michel Hidalgo, Just Fontaine ou Roger Piantoni sont passés dans les mains de Jean-Maillard… En 1958, Jean Maillard a même accompagné la sélection tricolore en Suède année où la France a été éliminée en demi-finale par le Brésil de Pelé mais où Just Fontaine fut sacré meilleur buteur de la compétition avec 13 réalisation en 6 matches, record qu’il détient toujours aujourd’hui.
1958 sera d’ailleurs l’année où Jean Maillard coupa tous les liens avec le monde du football pour se consacrer à son cabinet dans lequel il a continué d’exercer jusqu’à sa retraite au milieu des années 90.
Avec le stade de Reims, il a participé, en tant que kinésithérapeute, à la coupe Latina, un championnat d’Europe des clubs avant l’heure qui réunissait les meilleures équipes d’Espagne, du Portugal, d’Italie et de France. Il foula ainsi la pelouse du stade Santiago Bernabeu à Madrid.
Depuis, il observe la profession et ses avancées avec la bienveillance de ceux qui ont le sentiment d’avoir été des pionniers et insufflé un esprit. Il salue les efforts qui sont faits pour augmenter son niveau de formation et son efficacité. « A l’époque, nous n’avions pas de formation particulière pour s’occuper des sportifs de haut-niveau. C’était assez rudimentaire »avoue jean Maillard. « J’étais un kinésithérapeute, mais aussi une sorte de soigneur à tout faire. Je dispensais surtout des massages de récupération et de décontraction, comme parfois, je soignais les bobos des sportifs. »