A l’occasion de la Journée Mondiale de la Physiothérapie qui avait lieu mardi 8 septembre, Daniel Michon, le directeur de l’Ecole nationale de kinésithérapie et de rééducation (ENKRE) de Saint-Maurice (Val-de-Marne) avait invité Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’Ordre et son prédécesseur, Jean-Paul David à s’exprimer sur la façon dont a évolué la kinésithérapie au XXe siècle et sur ce qu’elle est appelée à devenir.
C’est parce que, selon lui, il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va que Jean-Paul David avait choisi de raconter comment la kinésithérapie a évolué depuis sa création, en octobre 1946, au sortir de la seconde guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui. Il a rappelé qu’en 1946, la durée de la formation était de deux ans. Parmi les grandes dates qu’ils a citées, notons l’arrêté du 6 janvier 1962 qui fixe liste des actes pouvant être pratiqués par les masseurs-kinésithérapeutes, la création d’un certificat de moniteur en masso-kinésithérapie (1967), le passage de la durée de la formation à 3 ans (1969), la mise en place d’une Nomenclature générale des actes professionnels (1972), la création du Conseil Supérieur des Professions Paramédicales en 1973, celle du diplôme de moniteur- cadre en 1976 et, en 1985, d’un décret d’actes et d’exercice (1985), le premier pas vers l’autonomie selon, Jean-Paul David. Les prémices d’une formation universitaire sont apparues en 1989 avec l’expérimentation d’une sélection via le Premier cycle des études médicales dans deux écoles. Une expérimentation qui s’est étendue en 25 ans aux 2/3 des instituts mais qui ne fut jamais généralisée. Il a rappelé la création du diplôme de cadre de santé qui a supprimé celui de MCMK en 1996. Enfin, il est largement revenu sur les premières années 2000 qui furent porteuses de plusieurs réformes annonçant les avancées majeures d’aujourd’hui.
Le 3 mars 2000 : la prescription de kinésithérapie n’est plus obligatoirement « qualitative et quantitative » et le 27 juin 2000 le décret relatif aux actes est actualisé : le bilan-diagnostic kinésithérapique répond à la fin de la prescription qualitative et quantitative. Depuis 2006, les masseurs-kinésithérapeutes ont le droit de prescrire à leurs patients un certain nombre de dispositifs dans le cadre de leur rééducation. Deux ans auparavant, la loi créant l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, était un signe supplémentaire de la marche vers l’autonomie d’une profession à l’aube de ses 60 ans.
Pascale Mathieu avait choisi de décrire la route qui « doit nous mener au projet que nous portons tous : devenir profession médicale à compétences définies. »
Elle a battu en brèche un certain nombre d’idées reçus notamment sur les chiffres faisant état d’afflux massifs de MK étrangers ou titulaires d’un diplôme étranger… Répondant à ceux qui réclament une augmentation des quotas, elle a clairement indiqué, chiffres à l’appui que l’établissement de quotas n’empêchera pas l’arrivée de communautaires en France, ni les français recalés au diplôme d’État d’aller se former à l’étranger.
Elle a martelé le fait que l’avenir de la kinésithérapie passe par la création d’une discipline, le développement de la recherche dans l’intérêt supérieur des patients afin de leur garantir une meilleure qualité des soins et une plus grande sécurité.
Pascale Mathieu a insisté sur la nécessaire représentation de la kinésithérapie française à l’étranger, notamment dans le cadre de la publication de travaux de recherche. De retour du Congrès de l’International network of physiotherapy regulatory authorities (INPTRA), et de la World confederation for physical therapy (WCPT) et elle a constaté que la voix de la France – la mère de la kinésithérapie – n’était plus portée à l’étranger…
« La France est en train de faire à nouveau entendre à nouveau sa voix » a déclaré Pascale Mathieu précisant que ses représentants s’étaient appuyés sur l’exemple des pays étrangers pour porter, auprès des pouvoirs publics, la réforme de la formation initiale et la hisser au niveau des standards internationaux.
La France est revenue dans le concert des grandes nations en physiothérapie et va porter avec les organisations réunies au sein de l’INPTRA, la création d’un code de déontologie international
Il existe aujourd’hui une synergie de toutes les composantes de la profession (organisations professionnelles, étudiants, enseignants…) pour la faire évoluer. Un hommage appuyé a été rendu à la FNEK sans qui la réforme n’aurait pas été possible. Une évolution qui devra prendre en compte la diversité de l’exercice professionnel. Pascale Mathieu a d’ailleurs insisté sur la nécessité de rendre plus attractif encore l’exercice salarié
Une autre réforme est en cours, celle de la définition de la profession : une définition qui réaffirme avec force que le kinésithérapeute réalise des actes médicaux.
Ces deux réformes vont en entraîner une troisième : la refonte de notre décret d’actes. C’est la prochaine étape vers une évolution du statut de notre profession vers celui de profession médicale à compétences définies.
Restera enfin à savoir, ce que seront les masseurs-kinésithérapeutes dans l’avenir, resteront-ils des masseurs-kinésithérapeutes, deviendront-ils des kinésithérapeutes ou évolueront ils vers le statut de physiothérapeutes. Mais c’est là une histoire qui reste encore à écrire.