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« Vous faites notre fierté » : les kinésithérapeutes athlètes à l’honneur

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Le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a salué lors d’une cérémonie le 11 décembre les 45 kinésithérapeutes et étudiants en kinésithérapie ayant participé aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en tant qu’athlètes, et leur a remis la médaille de l’Ordre. L’occasion de mettre en lumière quelques-uns de ces champions hors norme.

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Une dizaine d’athlètes olympiques et paralympiques – les autres ayant été retenus dans leurs cabinets, leurs écoles ou par des compétitions sportives internationales -, Nicole DUBRE-CHIRAT, députée, les présidents de syndicats de kinésithérapeutes et fédération d’étudiants en kinésithérapie ainsi que des partenaires institutionnels étaient réunis pour l’occasion à Paris. La présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, Pascale MATHIEU, a tout d’abord rappelé « les liens intimes qui unissent la kinésithérapie et le monde du sport » depuis 78 ans : la profession de masseur-kinésithérapeute a été créée en 1946, à la croisée des chemins entre le sport et la rééducation physique. Ce lien historique explique l’implication naturelle des kinésithérapeutes dans le monde sportif, notamment lors des Jeux olympiques et paralympiques.

15 médailles !

La présidente a félicité chaleureusement les 45 kinésithérapeutes et étudiants en kinésithérapie ayant participé aux Jeux de Paris en tant qu’athlètes. Du tir au pistolet à la voile, en passant par le para cyclisme ou encore le cécifoot, ils ont remporté pas moins de 15 médailles, dont 1 d’or aux Jeux paralympiques, 7 en argent et 7 en bronze (olympiques ou paralympiques).

« C’est avec fierté que nous célébrons ces hommes et ces femmes qui, durant ces quelques semaines, ont participé au rayonnement de notre profession, mais aussi de la France entière », a-t-elle souligné.

Pascale MATHIEU a également rendu hommage aux kinésithérapeutes qui ont travaillé en coulisses pour soutenir les athlètes pendant les Jeux, de manière bénévole en tant que volontaire ou dans le cadre de leur mission auprès des équipes de France. « Leur rôle est fondamental pour le succès des athlètes, c’est grâce à leur engagement sans faille que de nombreux sportifs ont pu donner le meilleur d’eux-mêmes ». Bien plus que des experts du corps, les kinésithérapeutes sont en effet des soutiens psychologiques essentiels pour les athlètes : ils les aident à surmonter la douleur, à restaurer leur confiance et à maintenir leur motivation.

Ainsi, le sport de haut niveau et la profession de kinésithérapeute reposent sur des valeurs communes d’engagement, de rigueur, et de persévérance. « Ces deux sphères exigent non seulement une discipline absolue, mais aussi un investissement total, que ce soit dans la préparation physique des athlètes ou dans la prise en charge de leurs blessures », a rappelé la présidente.

Formation et reconversion : un enjeu majeur pour les athlètes kinésithérapeutes

Pascale MATHIEU a souligné l’importance des filières universitaires spécialisées permettant aux sportifs de haut niveau de se former à la kinésithérapie. Ces parcours offrent une opportunité précieuse de reconversion professionnelle, permettant aux athlètes de capitaliser sur leur expérience sportive dans une nouvelle carrière. « Nos étudiants, qui sont les champions d’aujourd’hui, grâce à leur expérience inestimable et à leur détermination exemplaire, deviendront les kinésithérapeutes de demain, enrichissant ainsi considérablement notre profession », a-t-elle déclaré.

La présidente a plaidé pour une augmentation des places dans ces filières, affirmant que cela « enrichirait également les secteurs de la santé, en intégrant des professionnels aux compétences uniques, essentielles pour la prise en charge des patients ».

Dans cette logique, elle a appelé à une meilleure intégration de la kinésithérapie dans le système universitaire français, et à une réévaluation des modes de financement des études de kinésithérapie, souvent à la charge des étudiants. « Il est important de garantir un accès équitable à la formation pour tous les professionnels de santé, afin de permettre à chacun de se former dans de bonnes conditions ».

La reconnaissance de la profession

 Avant de leur remettre la médaille de l’Ordre gravée à leur nom, Pascale MATHIEU a exprimé sa gratitude envers les athlètes kinésithérapeutes pour leur contribution à la valorisation de la profession : « Votre dévouement et votre expertise méritent toute notre reconnaissance ».

Une conclusion partagée avec la députée Nicole DUBRE-CHIRAT : « Vos performances sportives mettent en valeur l’ensemble de la profession. Ceux d’entre vous qui sont athlètes paralympiques démontrent aussi que le handicap est une richesse ; espérons que l’impulsion donnée par les Jeux paralympiques ne s’éteindra pas trop vite ».

Les kinésithérapeutes médaillés aux Jeux

Voici les étudiants en kinésithérapie ou kinésithérapeutes médaillés aux Jeux de Paris 2024 :

Jeux olympiques

Argent :

  • Camille JEDRZEJEWSKI : étudiante, médaillée d’argent du 25m pistolet femme
  • Auriane MALLO-BRETON : kinésithérapeute, médaillée d’argent en épée individuelle femme et médaillée d’argent en épée par équipe

Bronze :

  • Maxime GROUSSET : étudiant, médaillé de bronze du relais 4x100m quatre nages homme
  • Enzo LEFORT : kinésithérapeute, médaillé de bronze du fleuret par équipe
  • Yohann NDOYE : étudiant, médaillé de bronze du relais 4x100m quatre nages homme
  • Charline PICON : kinésithérapeute, médaillée de bronze du skiff femme

Jeux paralympiques :

Or : Mickaël MIGUEZ : kinésithérapeute, médaillé d’or en cécifoot

Argent :

  • Elie DE CARVALHO : étudiant, médaillé d’argent en para cyclisme sur route, contre-la-montre individuel homme B
  • Gatien LE ROUSSEAU : étudiant, médaillé d’argent en para cyclisme sur route, contre-la-montre individuel homme C4 et médaillé de bronze en para cyclisme sur piste, poursuite individuelle 4 000m homme C4
  • Sandrine MARTINET : kinésithérapeute, médaillée d’argent en para judo, catégorie des -48kg femme
  • Thibaut RIGAUDEAU : kinésithérapeute, médaillé d’argent en para triathlon

Bronze :

  • Alexandre LLOVERAS : étudiant, médaillé de bronze en para cyclisme en tandem
  • Faustine NOEL : étudiante, médaillée de bronze en para badminton, double mixte

Zoom sur trois champions et leurs soutiens indispensables  

Les athlètes kinésithérapeutes ayant participé aux JO sont des exemples de détermination et de polyvalence. La preuve par trois.

Auriane MALLO-BRETON, médaillée d’argent en épée individuelle et médaillée d’argent en épée par équipe aux Jeux olympiques.

La jeune femme de 31 ans a obtenu son diplôme de kinésithérapeute en 2018 à l’Ecole nationale de kinésithérapie et rééducation (ENKRE), située à Saint-Maurice. Parallèlement à son entraînement sportif quotidien, elle a exercé sa profession à temps partiel à l’Institut Robert Merle d’Aubigné à Valenton (centre SSR), jusqu’en 2022. Elle a également donné naissance à son fils en 2021. « Concilier la maternité, le sport de haut niveau et le travail, cela devenait très difficile », sourit-elle. La clé de sa préparation intensive en vue de Paris 2024, elle l’a trouvée en devenant en janvier 2023 salariée de son club d’escrime à Saint-Gratien, grâce à l’aide attribuée au club par l’Agence nationale du sport, et également en intégrant la team Carrefour. « Ce salaire et cette subvention m’ont permis de me consacrer pleinement à ma préparation JO, de bien récupérer, de peu me blesser, cela a été déterminant », confie-t-elle.

L’après-JO, Auriane le vit en tant que kinésithérapeute installée en libéral depuis septembre 2024, spécialisée dans la prise en charge de la femme après avoir suivi une formation en périnéologie. Vise-t-elle désormais les Jeux de Los Angeles en 2028 ? « Oui, quitte à remettre mon métier entre parenthèses le temps de la préparation ».

Alexandre LLOVERAS, médaillé de bronze en para cyclisme en tandem aux Jeux paralympiques.

« Je suis étudiant en septième et avant-dernière année d’études de kinésithérapie »
, s’amuse le jeune homme de 24 ans, para cycliste déficient visuel au très beau palmarès (déjà médaillé d’or aux Jeux de Tokyo), qui bénéficie d’un aménagement de ses études en huit ans à l’Institut de formation en Masso-Kinésithérapie pour déficients visuels (IFMKDV) à Lyon. Cet équilibre « entre l’école et le vélo », il l’apprécie beaucoup, au point d’être presque déçu que ses études soient bientôt finies. Pour le soutenir au plus haut niveau, il peut compter depuis mai 2022 sur un CDD de quatre ans signé avec le ministère des Armées, dont il a intégré le dispositif Armée de champions en tant que civil de la Défense. Il bénéficie ainsi d’une rémunération et de stages d’acculturation militaire, en échange de son rôle d’ambassadeur des armées auprès du grand public. « J’espère le renouvellement de ce contrat jusqu’aux Jeux de Los Angeles », souffle-t-il. Plus tard, il se voit bien kinésithérapeute du sport, toujours mené par sa passion.


Julie MARANO, guide d’Annouck CURZILLAT, cinquième en para triathlon aux Jeux paralympiques. 

Kinésithérapeute diplômée en 2022, triathlète et guide de championne para triathlète déficiente visuelle : le profil et les compétences de cette jeune femme sont également hors du commun. En 2019, elle a répondu à l’appel de la Fédération française de triathlon qui recherchait une guide pour Annouck CURZILLAT. D’abord guide remplaçante, elle est devenue titulaire en septembre 2021, tout en menant à bien ses études de kinésithérapie sans aménagement particulier. Et a endossé un rôle peu connu et peu médiatisé : « En tant que guide, j’assure l’accompagnement avant et après l’épreuve, je suis les yeux de l’athlète pendant la natation, le vélo puis la course à pied, je veille à ce que tout se passe bien et suis vigilante pour deux ». Un contrat de sportive de haut niveau décroché en janvier 2023 au sein de la Police nationale, avec un détachement à 100% pour le sport, lui a permis de préparer les Jeux paralympiques de Paris dans la sérénité. « Un évènement génial, avec mes proches et la reconnaissance du public », se remémore-t-elle. En 2025, elle poursuivra sa mission de guide auprès d’une autre para triathlète, également kinésithérapeute, Héloïse COURVOISIER. Et elle aimerait retrouver le chemin de la kinésithérapie, avec une spécificité en kinésithérapie du sport.