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World Physiotherapy : les kinésithérapeutes français rayonnent à l’international

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World Physiotherapy est l’association qui regroupe les kinésithérapeutes de tous les pays du monde, dans le but de faire progresser la profession et d’améliorer la santé mondiale. Représentant de la France au sein de World Physiotherapy, le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a donné délégation à la SFMKS, la SFP et OMT-France pour représenter la France au sein des sous-groupes de l’organisation internationale. Voici les projets de ces trois organisations.

SFMKS : “Nous voulons obtenir la reconnaissance internationale des kinésithérapeutes du sport français”

Franck Lagniaux, président de la SFMKS

La Société Française des Masseurs Kinésithérapeutes du Sport (SFMKS) représente la France au sein du sous-groupe de World Physiotherapy dédié à la kinésithérapie du sport : la Fédération internationale de la physiothérapie du sport (IFSPT). Avec l’objectif d’expliquer et de promouvoir les spécificités françaises. “Nous voulons faire connaître notre métier et ses cinq ans d’études, montrer que les “physiothérapeutes du sport” existent en France – même si le titre “masseur-kinésithérapeute” crée de la confusion à l’étranger – et que nous avons des enseignants-chercheurs qui produisent de la connaissance”, résume Franck Lagniaux, président de la SFMKS. Le think tank de la SFMKS, baptisé SFMKS lab, produit d’ailleurs des publications et délivre des bourses d’études. “Le regard envers les “petits Français” a changé depuis quelques années. Leur présence au sein de différents congrès internationaux, comme le prochain congrès mondial de l’IFSPT (14 et 15 juin 2024 à Oslo) en est un bel exemple”, assure Franck Lagniaux, qui œuvre par ailleurs en tant que kinésithérapeute coordinateur au sein de la Fédération Française de Handball.

La SFMKS mène actuellement deux projets concrets au sein de l’IFSPT. Le premier vise à permettre une reconnaissance à l’international de la spécificité des kinésithérapeutes du sport français. “Aujourd’hui, le diplôme français ne suffit pas pour aller travailler à l’étranger, en Grande-Bretagne par exemple. Il faut se former en plus, sur place”, explique Franck Lagniaux. L’IFSPT a élaboré un cahier des charges de la formation en kinésithérapie du sport avec des indicateurs regroupés au sein de 11 compétences, qui doivent toutes être validées. Or en France, seul une partie de celles-ci est délivrée au cours de la formation. Il s’agit donc de s’aligner pour obtenir cette reconnaissance internationale. “Nous réfléchissons à un master en kinésithérapie du sport qui, après validation d’un certificat d’études complémentaires en kinésithérapie du sport, viendrait compléter le cursus de formation”, indique le président de la SFMKS. La Belgique et la Suisse, notamment, y travaillent également.

Franck Lagniaux en soins lors d’une compétition

Le second projet mené est la participation à un groupe de réflexion international sur la francophonie, aux côtés des Belges, Suisses, Luxembourgeois, Canadiens et Africains francophones. “Aujourd’hui les congrès se font en anglais, même ceux qui se tiennent en France ! Nous souhaitons mettre en avant la langue française et diffuser les connaissances plus largement, auprès des nombreux francophones qui ne maîtrisent pas la langue anglaise”. Au sein de la SFMKS, un groupe de traduction constitué de kinésithérapeutes bénévoles traduit des articles importants de l’anglais vers le français, et les diffuse notamment via la revue Kiné Sport Information.

Cette année, un Français va intégrer le conseil d’administration de l’IFSPT, ce qui devrait stimuler les différents projets, se réjouit Franck Lagniaux. Lequel espère notamment le développement d’actions de coopération internationale, telles que la formation des kinésithérapeutes de Côte d’Ivoire en 2023 avant la Coupe d’Afrique des nations, “une expérience très riche humainement”.

SFP : “Aujourd’hui on parle d’égal à égal avec les Anglo-saxons”

La Société française de physiothérapie (SFP) est présente au sein des congrès mondiaux de la World Physiotherapy – dont le prochain aura lieu à Tokyo en mai 2025 – pour mettre en avant les travaux des chercheurs français en kinésithérapie et promouvoir les collaborations internationales. “Notre ambition est de faciliter l’intégration des kinésithérapeutes français sur la scène internationale, de mettre en avant les productions scientifiques françaises et de participer au développement mondial de la profession en nous investissant dans les sous-groupes”, indique Matthieu Guémann, président de la SFP. Lequel, à titre personnel, a pu rejoindre le réseau de la World Physiotherapy réunissant les rédacteurs en chef de journaux en kinésithérapie du monde entier, et contribuer ainsi à l’amélioration des standards internationaux de la profession.

Matthieu Guémann, président de la SFP

Les projets menés par la SFP en lien avec la World Physiotherapy ont une portée collective et individuelle. Au niveau collectif, la SFP travaille au sein du groupe PEDro (Physiotherapy evidence database) depuis plus de dix ans, participe au rayonnement de cette base de données via un travail de traduction, d’enregistrement de vidéos, etc. Au niveau individuel, le congrès de la World Physiotherapy qui réunit entre 3 000 et 5 000 professionnels du monde entier, est l’occasion pour chaque membre de la SFP de rencontrer d’autres cliniciens et chercheurs, et de nouer des collaborations. “Lors du précédent congrès, en juin 2023 à Dubaï, le réseau de kinésithérapeutes autour de l’amputation s’est accordé sur une standardisation des tests et bilans utilisés dans le monde, évoque Matthieu Guémann. Le congrès est ainsi l’occasion de promouvoir les meilleurs standards de pratique possibles, et de mesurer les évolutions en France.

Le président de la SFP constate, entre l’édition de 2011 et celle de 2023, une hausse du nombre de participants français et de productions françaises. “Aujourd’hui on parle d’égal à égal avec les Anglo-saxons en termes de questionnement scientifique, se réjouit-il. Ceci est lié à l’universitarisation de la formation en France, à l’ouverture à la recherche. La nouvelle génération de kinésithérapeutes est formée avec l’idée qu’il faut être capable de communiquer à l’international sur ce que l’on fait. Aujourd’hui les doctorants en science de la réadaptation se doivent de présenter leurs travaux dans un congrès international”.

Encore faut-il, après la parenthèse euphorisante du congrès, revenir à la réalité de l’exercice quotidien, du temps long d’un projet de recherche, maintenir son niveau de motivation et entretenir dans la durée les relations internationales nouées. Des défis auxquels s’ajoute un aspect matériel : la participation à un congrès international reste très coûteuse (frais d’inscription, déplacement, logement), “ce qui implique un important investissement financier des chercheurs”, regrette Matthieu Guémann.

Le conseil d’administration d’OMT-France et Aurore Mambriani, présidente d’OMT-France

OMT-France : “Le monde évolue rapidement, nous devons adapter nos prises en charge”

Organisation for Musculoskeletal Therapy (OMT) – France est une association créée en 2012 afin de promouvoir en France le développement de l’expertise des kinésithérapeutes dans la prise en charge des troubles musculo-squelettiques. C’est la branche française de la Fédération internationale des thérapeutes en musculo-squelettique (IFOMPT), elle-même sous-groupe de la World Physiotherapy. “Notre raison d’être, en lien avec l’IFOMPT, est de promouvoir une vision globale du musculo-squelettique au niveau mondial : définition, prises en charge, problématiques environnementales, politiques, etc., explique Aurore Mambriani, présidente d’OMT-France. Le monde évolue rapidement et de façon imprévisible. Par exemple, lors de la crise sanitaire du Covid, les cabinets de kinésithérapie ont fermé dans un premier temps, puis nous avons retrouvé des patients avec de nouveaux problèmes musculo-squelettiques, des interruptions de traitement, des Covid longs… Nous échangeons avec nos partenaires internationaux pour apprendre à évoluer dans ces nouvelles conditions, et anticiper le cas échéant”. Et les sujets d’interrogation ne manquent pas, autour par exemple de la prise en charge de populations migrantes et la nécessité d’adapter les gestes à d’autres cultures, des traumatismes spécifiques des réfugiés de zones de guerre, des différences d’approche entre les thérapeutes américains et les thérapeutes français, etc.

L’IFOMPT, qui fête ses 50 ans à l’occasion de son congrès à Bâle du 4 au 6 juillet 2024, a des groupes de travail et fait appel à ses membres dans les différents pays. OMT-France participe ainsi à des travaux sur l’évaluation des pratiques en musculo-squelettique, sur les standards d’éducation, la promotion de la pratique en musculo-squelettique et de la thérapie manuelle, ou encore sur l’évolution du nom de la fédération. “Ces travaux seront ensuite transmis à la World Physiotherapy et présentés en congrès mondial en 2025 à Tokyo”, indique Aurore Mambriani.

Association récente aux “membres jeunes et dynamiques”, OMT-France promeut “une vision plus actuelle de ce qu’est le musculo-squelettique : au-delà de la thérapie manuelle, il s’agit d’amener le patient vers l’autonomie”, précise la présidente. L’ouverture à plusieurs voies possibles pour être expert en musculo-squelettique, de même que le changement d’identité de l’IFOMPT et l’inclusion de différentes visions du métier, sont également souhaités.

Toutes ces valeurs sont également défendues dans le soutien et le suivi des programmes d’éducation qui proposent en France des cursus de formation continue répondant aux standards internationaux de l’IFOMPT.

Sensibiliser les étudiants français aux problématiques internationales est ainsi une préoccupation d’OMT-France. Plusieurs membres de son conseil d’administration enseignent en IFMK, notamment “le vice-président qui est bilingue et qui s’inspire des dossiers de l’IFOMPT et de la WP pour faire réfléchir ses étudiants”.

Enfin, tout comme le président de la SFP, la présidente d’OMT-France déplore le frein financier de l’accès aux congrès internationaux. “C’est dommage d’être obligés de restreindre le nombre de participants français, car ces congrès permettent des échanges inédits et très riches”, souligne-t-elle.

 

Liens :

– World Physiotherapy : https://world.physio/fr/

– Fédération internationale de la physiothérapie du sport : https://ifspt.org/fr/

– Société française des masseurs-kinésithérapeutes du sport (SFMKS) : https://www.kinedusport.com/

– Société française de physiothérapie : https://www.sfphysio.fr/

– Fédération internationale des thérapeutes en musculo-squelettique : https://www.ifompt.org/

– OMT-France : https://www.omt-france.fr/omt-en-bref/