Le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a organisé le 4 octobre un temps d’échange entre masseurs-kinésithérapeutes, médecins et parlementaires, sur le thème “Bien vieillir par le mouvement”. La place de la kinésithérapie dans une approche préventive était notamment au menu des discussions.
Des textes législatifs portant des mesures importantes sur le “Bien vieillir” seront discutés au Parlement dans les semaines qui viennent, a rappelé Laurence Cristol, médecin gériatre, députée (RE) de l’Hérault. La proposition de loi dont elle est rapporteure tout d’abord, portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France, prévoit notamment la mise en place de la Conférence nationale de l’autonomie. Elle pourrait aussi permettre l’extension du programme de prévention de la perte d’autonomie ICOPE et l’inclusion de l’activité physique adaptée (APA) dans le forfait soins en EHPAD, a précisé la députée. Autre temps fort, le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 va notamment préciser la mise en œuvre des consultations de prévention à des âges clés de la vie (25, 45 et 65 ans) et promouvoir l’APA.
Les élus du Conseil national de l‘ordre des masseurs-kinésithérapeutes ont souligné à quel point la prévention est inscrite dans la définition même de la kinésithérapie. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandait dès 2017 de renforcer la place de la réadaptation dans les politiques de santé, notamment pour répondre au vieillissement de la population. La profession a dès lors pris des initiatives en France pour rendre concret l’apport des kinésithérapeutes dans une démarche préventive : en créant un outil de dépistage par les kinésithérapeutes de la fragilité motrice chez les personnes de 65 ans et plus vivant à domicile, ou encore en élaborant un bilan de kinésithérapie pour la mise en oeuvre de l’APA. “Nous pensons que les kinésithérapeutes ont un rôle à jouer dans les consultations de prévention prévues par la loi, et demandons à pouvoir prescrire l’APA”, a expliqué la présidente de l’Ordre, Pascale Mathieu.
Les médecins en exercice participant à cet échange ont tous deux affirmé l’importance d’une approche pluridisciplinaire dans l’éducation à la santé et la prévention des troubles liés au vieillissement. “Les médecins ne sont pas omnipotents et les kinésithérapeutes ont l’expertise du mouvement”, selon le Professeur Olivier Guérin, chef du Pôle Réhabilitation Autonomie Vieillissement au CHU de Nice. Le Docteur Pascal Gendry, président de la fédération des maisons de santé AVECSanté, a plaidé en faveur de la constitution d’équipes traitantes pluriprofessionnelles de proximité, autour des patients, au sein desquelles les différentes professions de santé auraient toutes leur place. Ces équipes mettraient en œuvre des bilans de prévention complets et intégreraient notamment l’activité physique adaptée à la prise en charge des pathologies chroniques et du grand âge, a-t-il précisé. Les deux médecins ont souligné combien le paiement à l’acte était inadapté à une telle organisation en équipe et aux démarches préventives en général, appelant à une réforme de la tarification.
“Les kinésithérapeutes ne sont pas reconnus à la hauteur du maillage territorial qu’ils assurent”, a pour sa part déclaré Jérôme Guedj, député (SOC) de l’Essonne. La prise en compte des fragilités liées au “grand âge” nécessite selon lui de s’appuyer sur une pluralité de compétences – kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens, psychologues… – et sur une organisation territoriale, que chacun appelle de ses vœux.
Participaient à ce temps d’échange :
Parlementaires :
Laurence Cristol : députée RE de l’Hérault, onco-gériatre, rapporteure sur la PPL Bien vieillir
Jérôme Guedj : député socialiste de l’Essonne
Matthias Vazquez, collaborateur d’Annie Vidal, députée RE de Seine-Maritime et co-rapporteure sur la PPL Bien vieillir
Médecins :
Pr Olivier Guérin : Chef de Pôle Réhabilitation Autonomie Vieillissement, CHU de Nice
Dr Pascal Gendry : président AVECSanté
Élus du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes :
Pascale Mathieu : présidente
Jean-François Dumas : secrétaire général
Sophie Di Giorgio : trésorière générale