Interview
À l’occasion de la Coupe du Monde féminine de rugby à 7 se déroulant du 9 au 11 septembre au Cape Town Stadium du Cap, en Afrique du Sud, nous avons pu échanger avec Isaline VEYRIER, kinésithérapeute de l’équipe de France. Au cours de cette interview, elle revient sur son parcours, son rôle au sein de l’équipe et la place de la kinésithérapie dans le rugby.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Isaline VEYRIER, j’ai 31 ans je suis originaire de Dax dans les Landes, je suis diplômée depuis 7 ans, et je travaille dans le rugby à l’USDAX depuis déjà 5 ans. Je suis kinésithérapeute du sport, et je suis aussi formée à l’école du dos.
Pourquoi avez-vous choisi la profession de kinésithérapeute ?
En tombant de cheval à l’époque du lycée, il y a quelques années je me suis fracturée la tête du péroné, c’est ainsi que j’ai découvert le métier de kinésithérapeute. J’ai tout de suite accroché avec le métier, le contact et la proximité avec les patients, le soulagement que l’on peut procurer, le lien qui peut se former avec des patients chroniques, voir l’évolution d’un traitement, l’aspect super dynamique et sportif de ce métier, ça a été un coup de foudre !
Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers la kinésithérapie du sport et notamment du rugby ?
J’ai fait un stage en 2014 avec Pascal GOHIER le kinésithérapeute de l’équipe de France féminine de basket et de Basket Landes et ça a été une vraie révélation. J’ai tout adoré, si bien que j’ai même demandé à revenir en stage plusieurs fois avec lui, tant j’ai appris à ses côtés.
Quel est le rôle des kinésithérapeutes au sein du staff médical de l’équipe de France ?
Être à l’écoute des joueuses. Les bichonner. Leur permettre d’être dans les meilleures dispositions pour être performante et ne pas être gênée par des douleurs physiques.
Quelle est votre latitude vis-à-vis des médecins ?
Avec le médecin nous travaillons main dans la main. Nous nous consultons pour connaitre l’avis de l’autre. En cas de blessure, il examine d’abord, et nous discutons ensemble des soins à faire par la suite à la joueuse.
Y a-t-il une kinésithérapie spécifique au rugby féminin ?
Pour avoir déjà vu le suivi des joueuses dans le basket de haut niveau, hormis la prise en charge des commotions, il n’y a pas de spécificité au rugby. Pour me spécialiser à la prise en charge des commotions, j’ai dû passer un DIU pathologie du rugby avec l’université de Versailles, que j’ai suivi pendant 2 ans à Marcoussis. J’ai également dû passer le certificat World Rugby pour avoir le droit d’être kinésithérapeute sur des matchs internationaux.
Quelle est la part de la prévention dans une compétition comme celle-ci ?
Les joueuses ont suivi 3 semaines de stage à Font Romeu en altitude. Elles ont eu l’opportunité de travailler dans des salles qui simulent une altitude équivalente à 3000m pour travailler en hypoxie, gagner en globules rouges, et permettre ainsi une meilleure oxygénation des muscles à l’effort. Ceci dans le but d’augmenter la performance et l’endurance des joueuses. L’aspect préventif est énormément travaillé en lien avec le préparateur physique, qui prépare des séances de musculation, de sprint et autre en fonction des échéances sportives.
En quoi consistent principalement vos interventions ?
Le matin je m’occupe du suivi du poids des athlètes. Elles se pèsent à jeun et je note leur courbe de poids. C’est un indicateur pour savoir si la joueuse est bien hydratée. Avant les entraînements je m’occupe de faire quelques straps aux joueuses qui ont besoin. Ensuite je prépare les boissons d’effort pour le bord du terrain, et je prépare les vessies de glace. Pendant l’entraînement j’ai rarement à intervenir sauf si blessures ou petits bobos. Entre les entraînements ou le soir, elles ont souvent besoin de soins de récupération. Elles ont à disposition des bottes de pressothérapie, un Game Ready, des rouleaux et pistolet de massage. Je vois en soin celles qui me le demandent, et en fonction des douleurs, j’adapte les soins, de la thérapie manuelle et/ou des massages de récupération.