Cet étudiant en kinésithérapie a parcouru la France à la rencontre des professionnels de santé. Pour nous, il revient sur son aventure.
Q1 : Bonjour Jean-Manuel Léveillé, nous vous remercions d’avoir accepté cette interview. Pour commencer, pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous ?
Bonjour, j’ai 21 ans, je suis originaire de Bréhal dans la Manche, à côté de Granville. Je suis étudiant en kinésithérapie à Alençon pour ma deuxième année et pompier volontaire à Bréhal également.
Q2 : Vous avez réalisé un Tour de France à la rencontre de professionnels de santé et plus particulièrement des kinésithérapeutes. D’où vous êtes venu cette idée ? Pourquoi vous avez choisi de faire cette expérience ?
Je voulais rassembler mes passions qui sont le sport, la santé, l’engagement citoyen en un seul et même projet. Ce projet, c’était de renouer avec l’échange humain et social après cette période sanitaire qui est assez compliquée, notamment pour les étudiants. Finalement, j’ai pu vivre une expérience assez inoubliable d’un point de vue émotionnel mais aussi de par tous les enseignements que j’ai pu en tirer.
Concrètement, c’est un tour de France qui a duré 3 200 km, sur 32 étapes. J’ai tracé un trait tout autour de la France et j’ai placé un point tous les 100 km pour trouver une ville où il y avait une chance de rencontrer des kinésithérapeutes qui puissent m’héberger. A partir de là, j’ai contacté le groupe Facebook Conviviakiné qui rassemble 13 000 kinésithérapeutes et j’ai pu bénéficier d’hébergements chaque jour grâce à la solidarité des kinésithérapeutes.
Q3 : Comment avez-vous vécu ce Tour de France ?
Mon vécu de l’aventure a évolué au fur et à mesure. Au début, j’ai voulu prendre mon vélo et au fil des étapes, mettre en valeur les soignants à travers de ce défi sportif. Et puis, il y a eu un point de départ, au centre de rééducation de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée. On a fait un reportage grand public sur les métiers de la santé et le centre. C’est à partir de ce moment-là que l’idée m’ait venu de faire un reportage chaque jour sur chaque rencontre.
Un jour, à mi-parcours, du côté de Saint-Girons, dans les Pyrénées, j’ai rencontré une association qui s’appelle Partage Handicap, et c’est là que je me suis rendu compte que la santé finalement, ce n’était pas que des soignants mais plutôt une chaîne de l’humanité. On est tous soignants si on considère qu’un soignant est une personne qui prend soin de l’autre. J’ai voulu élargir un peu et m’ouvrir à ce lien social et humain. Je suis alors allé sur le terrain rencontrer Médecin du Monde, Dons du sang, les maisons de retraites, la ligue contre le cancer… A coup de pédales et au fil des paysages et des rencontres intergénérationnelles, des thématiques ont émergées. On parlait accès aux soins, offre de soins… J’ai pu également découvrir d’autres thématiques comme l’histoire des crises sanitaires pour faire un parallèle avec la crise COVID qu’on est en train de vivre.
Il y a aussi l’aspect sportif et l’effort physique, c’était très dur, ce n’était pas évident à vivre mais ça m’a repoussé dans mes derniers retranchements et quand j’ai vu que tout ça avait un sens, que c’était suivi et que c’était poignant, j’ai pas pu m’arrêter, c’était impossible.
Q4 : Qu’est-ce que vous retenez le plus de cette aventure ?
Je retiens que j’ai envie de continuer de m’investir dans la santé et de la promouvoir, non pas par les mots mais par des actes comme celui-là, en allant à la rencontre de ceux qui la font vivre. Cette aventure, c’est avant tout un ensemble de valeurs : le partage et la cohésion sociale.
J’ai rencontré parfois des patients, des personnes sur ma route qui étaient eux-mêmes atteintes de maladie et ça m’a fait garder les pieds sur terre, ou sur les pédales en tout cas et à chaque fois je retenais toujours le positif, le sourire, l’enthousiasme et ça a surplombé la gravité de la situation et ça a été un véritable message d’espoir.
Je vais finir sur ça : ce Tour de France, c’était un parcours pour la santé, mais à postériori, je me suis dit que c’était aussi un parcours de soin dans ce qui le définit : la douleur, la fatigue, les imprévus, les blouses blanches, le soutien de la famille, de l’entourage, la patience et aussi beaucoup d’espoir d’aller au bout et de s’en sortir. Cette analogie là avec le vécu de la maladie, ou d’un traitement, ce n’était pas une thérapie ce Tour de France mais ça pouvait s’en rapprocher !
Q5 : Si c’était à refaire, vous le referiez ?
Oui c’est sûr ! Mais, peut être en impliquant plus de personnes, en organisant des activités sportives, en récoltant des fonds pour les associations… J’ai des idées qui émergent mais pour le moment je me concentre sur ce que j’ai fait et ce que je peux en dire. Je verrais l’été prochain !
Jean-Manuel Léveillé a souhaité remercier personnellement tous les kinésithérapeutes et toutes les personnes qui l’ont accompagné sur ce projet. Découvrez son message en vidéo :
Vous pouvez retrouver le bilan de son aventure sur YouTube : Voyage au centre de l’humain. Bilan de l’aventure ! – YouTube