Alors que près de 2 Français sur 3 jouent à des jeux vidéos pendant leurs loisirs, le “serious game” devient petit à petit un outil de rééducation dans les cabinet de kinésithérapie ou en milieu hospitalier.
Le principe est d’exploiter le ressort du jeu vidéo pour proposer des exercices variés et adaptés aux patients, en fonction de sa pathologie et de ses besoins.
Pour ce faire, on lui proposera d’incarner ici un poisson, là le capitaine d’un navire ou une taupe qui fait du skateboard, face à un écran.
Dans d’autres cas, le kinésithérapeute pourra également utiliser la réalité virtuelle – qui est une forme de serious game, afin d’immerger le patient dans un univers “virtuel” où ses mouvements auront un but précis, comme par exemple attraper des fruits.
Le serious gaming et la thérapie classique sont en général vus comme complémentaires, l’un accompagnant l’autre. Cependant, le serious game pourra plus facilement être exploité également à la maison pour faire quotidiennement les exercices recommandés.
L’objectif est évidemment très simple : se servir des potentialités offertes par le jeu pour accroître la motivation et l’observance/adhésion au traitement.
Dans les pathologies douloureuses, il semblerait que le serious game permette de dépasser la kinésiophobie – c’est à dire cette peur d’avoir mal qui fait que le patient limite ses mouvements.
Les serious game et la réalité virtuelle s’adressent à tous, des enfants aux seniors et les applications sont nombreuses :
- Maladie d’Alzheimer ;
- Pathologies assimilées à la maladie d’Alzheimer ;
- Troubles cognitifs légers ;
- Maladie de Parkinson ;
- Désadaptation psychomotrice ;
- Troubles du mouvement quelle qu’en soit la cause ;
- AVC ;
- Arthrose – Selon les indications du kinésithérapeute, hors période aiguë ;
- Chirurgie orthopédique programmée (rééducation active faisant suite à la rééducation passive) ;
- Chirurgie traumatologique (rééducation active faisant suite à la rééducation passive) ;
- Myopathies ;
- Myasthénies ;
- Troubles musculosquelettiques.
Nous avons rencontré Dan, kinésithérapeute au Perreux-sur-Marne qui utilise la réalité virtuelle dans son cabinet.
Mon kiné et moi : Depuis quand utilisez-vous la réalité virtuelle ? Pour quelles pathologies ?
J’utilise la réalité virtuelle depuis décembre 2019. Je l’utilise beaucoup dans la rééducation du membre supérieur, notamment presque quotidiennement pour des patients qui ont des pathologies de l’épaule. Je l’utilise aussi en pédiatrie que ce soit pour la rééducation des membres supérieurs ou inférieurs et je commence aussi à l’inclure pour les patients neuro, paraplégiques ou hémiplégiques. Au cabinet, nous apprenons progressivement à exploiter la machine au mieux.
Quels sont les atouts de la réalité virtuelle ?
On trouve un vrai bénéfice au niveau de la diminution de la douleur et de la facilitation des exercices grâce à l’immersion dans la réalité virtuelle et la dimension ludique.
C’est en ce sens que la réalité virtuelle permet de lutter contre la kinésiophobie. Celle-ci nous bloque énormément en rééducation. Souvent, les patients se limitent beaucoup par peur d’aggraver la lésion qu’il ont ou par peur d’augmenter leur douleur. La réalité virtuelle aide à débloquer la situation. Elle aide les patients à faire des mouvements qu’ils n’osent pas faire, comme des squats ou du saut à la corde, par exemple.
Parfois, je filme mes patients pendant qu’il bougent en immersion dans la réalité virtuelle afin de leur montrer ce qu’il sont capable de faire. À partir de là, ça va déjà mieux et ils apprennent à moins se limiter et à bouger davantage.
Quant aux enfants, ils apprécient vraiment, s’impliquent davantage. Pour eux, c’est vraiment “un truc en plus” notamment en traumatologie.
Comment réagissent les patients ?
Les patients sont tous un peu étonnés que l’on puisse utiliser de la réalité virtuelle en rééducation. En général, ils ne connaissent même pas l’outil. Je sélectionne les exercices en fonction de leurs capacités et de leurs besoins. puis je les laisse se débrouiller en venant les aider le cas échéant. Je privilégie l’autonomie même si bien sûr je reste présent afin de les guider et d’éviter les accidents car certains se déplacent beaucoup dans la salle.
Les patients apprécient et sont demandeurs de ce genre de technique. Le bilan est très positif.