Nous vous avons déjà parlé des kinésithérapeutes aux côtés des malades en réanimation à l’hôpital. Aujourd’hui, si les services de réanimation commencent enfin à se vider, le rôle des kinésithérapeutes est loin d’être terminé : ces malades qui ont été placés sous respirateur souvent durant une longue période ont besoin d’une rééducation/réadaptation afin de pouvoir reprendre, autant que possible, une vie “normale” avec le moins de séquelles possibles.
Les spécificités des patients au sortir de la réanimation
Ces personnes convalescentes ont un certain nombre de spécificités, au sortir de l’hospitalisation en réanimation :
- Ils ont subi une intubation et ont été placés sous sédation durant une longue période ;
- Ils ont souvent été positionnés en décubitus ventral (allongés sur le ventre) ;
- Ils peuvent présenter un encombrement bronchique et ressentir des difficultés à respirer durant plusieurs semaines quoique leur taux d’oxygène dans le sang s’approche de la normale ;
- Ils présentent un risque élevé de complications thromboemboliques ;
- Ils ont peut-être eu des troubles cognitifs se manifestant par une désorientation au réveil.
Ainsi ces patients subissent-ils à la fois les conséquences du COVID-19 et celles de la réanimation avec des déficiences plus ou moins sévères, d’ordre respiratoire, cardiovasculaire, rénal, neurocognitif, psychiatrique, musculo-squelettique, métabolique et nutritionnel. Celles-ci, fréquentes et particulièrement importantes, entraînent une limitation d’activité chez ces patients et nécessitent une prise en charge prolongée.
Une prise en charge spécifique
Ces patients pourront, selon leur état, être pris en charge dans un service de rééducation post-réanimation (SRPR), en soins continus ou en ambulatoire. Dès lors, dans tous les cas, une prise en charge spécifique s’impose :
- Un bilan diagnostic et une évaluation des déficiences spécifiques doivent être effectués afin de relever les limitations d’activités et de structurer un programme de rééducation/réadaptation individuel, tout en effectuant un suivi des complications médicales ;
- Tant que le patient n’est pas stabilisé, la rééducation/réadaptation doit prendre en compte le risque de décompensation cardiorespiratoire et de complications thromboemboliques spécifiques, avec surveillance des constantes physiologiques ;
- Chaque intervention de rééducation/réadaptation doit tenir compte de la fatigabilité de ces patients souvent dénutris, asthéniques et porteurs de comorbidités ;
- La rééducation/réadaptation à domicile peut être réalisée en télésoin, ou avec des autoprogrammes d’exercices préalablement appris et supervisés à distance, ou par un kinésithérapeute à domicile si son absence cause une perte de chance pour le patient ;
- Une rééducation/réadaptation à domicile peut être mise en œuvre après la phase aigüe, pour reprise progressive et contrôlée d’une activité physique de faible intensité (1-3 METs ou essoufflement ≤3 échelle de Borg), poursuite de la rééducation respiratoire, reprise de la déambulation et des activités fonctionnelles habituelles, renutrition, suivi psychologique, en respectant la dyspnée, la fatigabilité, et la tolérance du patient.
Cette prise en charge pourra être longue : Le patient doit être informé qu’un programme de réentrainement ciblé sur l’endurance peut s’avérer nécessaire, à distance, dans des objectifs de retour à l’emploi et aux activités physiques et sociales.
Sources :