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Spondyloarthrite ankylosante et kinésithérapie

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La spondyloarthrite ankylosante est le deuxième rhumatisme inflammatoire le plus fréquent en France. Elle affecte majoritairement des personnes jeunes qui souffrent souvent d’un retard diagnostique important alors que des prises en charge existent pour améliorer notablement la vie des patients.
Le point sur cette maladie chronique, ses symptômes, ses traitements et sur le rôle du kinésithérapeute.

Qu’est ce que la Spondyloarthrite ankylosante ?

La spondyloarthrite ankylosante est une forme de spondyloarthrite. Il s’agit d’une maladie chronique rhumatismale inflammatoire qui touche le rachis ou sa périphérie de manière asymétrique et provoque une inflammation des enthèses (c’est à dire des insertions du tendon sur l’os) et notamment du rachis, des sacro-iliaque, de la cage thoracique, des talons, des tendons d’Achille ou rotulien.
Ces atteintes axiales des enthèses, lorsqu’elles cicatrisent, conduisent à une ossification progressive et ainsi à une rigidification notamment de la colonne vertébrale.
Il s’agit d’une maladie auto-inflammatoire : le système immunitaire se dérègle et plutôt que de lutter contre les virus et les bactéries, il se met également à “attaquer” les enthèses.
La spondyloarthrite ankylosante affecte 0,3% de la population française et principalement des personnes jeunes et majoritairement des hommes (2 hommes pour une femme).
Ils pâtissent malheureusement bien souvent d’une errance diagnotique (avec un délai diagnostique d’en moyenne 5 ans) du fait que les premiers symptômes peuvent être parfois confondus avec une lombalgie.

La spondyloarthrite ankylosante est multifactorielle. Elle apparaît donc du fait d’une conjonction de causes dont :

  • Le terrain génétique : le HLAB27 est associé à la maladie. Néanmoins, ce n’est pas parce que l’on est porteur de ce gène (comme 8%) de la population que l’on va à coup sûr développer la maladie. En effet, le risque pour un enfant porteur du gène HLAB27 de déclarer une spondyloarthrite ankylosante n’est que de 12%. Et, on peut très bien développer la maladie sans être porteur du gène ;
  • Le tabac ;
  • Des infections notamment urinaires, IST, pulmonaires, etc…
  • Un dérèglement du microbiote intestinal pourrait également être incriminé.

Le diagnostic de la spondyloarthrite ankylosante repose en premier lieu sur l’interrogatoire – un questionnaire pourra être remis au patient afin de préparer la consultation.
Des radios ainsi que l’IRM viendront confirmer ou infirmer l’inflammation et des ossifications.
À noter : les marqueurs sanguins d’inflammation (protéines C réactive et vitesse de sédimentation) sont souvent normaux.

Symptômes et impacts sur la vie quotidienne

Comme on l’a dit, la spondyloarthrite ankylosante affecte principalement des personnes jeunes.
Les symptômes, traduisant l’inflammation des enthèses du rachis et des sacro-iliaques sont :

  • Des douleurs de dos de type inflammatoire qui réveillent la nuit et qui ne sont pas calmées par le repos mais cèdent parfois à l’activité physique ;
  • Des douleurs à une fesse ou aux deux appelées pyralgies, fessalgies ou pseudo-sciatiques. Elles se situent en pleine fesse et irradient parfois en dessous du pli fessier ;
  • Des raideurs le matin qui nécessite 45 min/ 1 heures de “dérouillage”
  • Une perte de souplesse ;
  • Des douleurs au talon (talalgie).

Il peut y avoir des phases de poussées douloureuses et des phases d’accalmie dites de rémission.
D’autres symptômes, dits périarticulaires peuvent apparaître :

  • En premier lieu, et de manière très fréquente, de la fatigue ;
  • Des gonflements des doigts ou des orteils ;
  • Des atteintes oculaires : uvéite. Il est, à ce titre, crucial que les patients consultent dès lors qu’ils ont l’œil rouge ;
  • Des atteintes digestives inflammatoires ;
  • Des atteintes cutanées : psoriasis ;
  • Une fragilisation osseuse qui conduit à une ostéoporose.

L’impact sur la vie quotidienne est évidemment important : les douleurs et la fatigue conduisent à une baisse d’activité ; ajoutée à cela, l’errance diagnostique contribue à affecter le moral avec, bien souvent, l’apparition d’un syndrome dépressif.

Les traitements de la spondyloarthrite ankylosante

Les traitements médicamenteux sont d’abord symptomatiques avec la prescription d’antalgiques. Les AINS sont prescrits en traitement de fond et en traitement symptomatique. Ils suffisent à contrôler la maladie dans 70% des cas. Le suivi médical permet au médecin d’adapter le traitement selon son efficacité. Par exemple, il est parfois nécessaire d’essayer plusieurs AINS avant de trouver celui qui vous convient le mieux. Le médecin indique également à son patient les précautions à prendre et les signes anormaux qui doivent l’alerter en cours de traitement.
Lorsque les AINS prescrits n’atténuent pas suffisamment les symptômes, le médecin prescrit un autre type de traitement (en concertation avec un rhumatologue) pour diminuer, voire supprimer les crises douloureuses et pour contrôler l’évolution de la maladie. Ces traitements agissent après plusieurs semaines :

  • Des biomédicaments, les anti-TNF alpha (infliximab, étanercept, etc.), qui bloquent les protéines qui produisent l’inflammation bloquent la douleur et permettent de retrouver une vie normale. Ils sont indiqués dans toutes les formes de spondyloarthrite, en cas d’échec des autres thérapeutiques, mais seulement après un bilan préalable et sous surveillance très stricte. Leur prescription initiale est faite à l’hôpital, et seuls des spécialistes peuvent renouveler le traitement.
  • La sulfasalazine, le léflunomide et le méthotrexate peuvent être utilisés après échec du traitement symptomatique en cas d’atteinte des zones périphériques

Il est possible de réaliser localement des infiltrations de corticoïdes.

Le traitement non médicamenteux repose sur :

  • L’arrêt du tabac ;
  • Une activité physique adaptée à l’état du patient : il faut absolument bouger en dehors des poussées inflammatoires : gainage, musculation, cardio ;
  • Des temps de repos adaptés.

Contrairement à ce que certaines personnes affirment, il n’y a pas de régime spécifique à adopter ni d’aliments à éliminer. Il convient simplement de manger équilibré en prenant éventuellement exemple sur le régime méditerranéen. Compte tenu du risque osseux, il est néanmoins important d’avoir des apports de calcium et de vitamine D suffisants.
Un suivi psychologique est conseillé en cas de retentissement psychologique important, dans le but de mieux accepter la maladie et de mieux vivre avec elle.

Kinésithérapie et spondyloarthrite ankylosante

Il convient en premier lieu de signaler que les kinésithérapeutes sont partenaires du dépistage de la spondyloarthrite ankylosante. En effet, ils peuvent recevoir des patients pour des lombalgies qui, au fur et à mesure des séances, se révéleront être le symptôme d’une spondyloarthrite ankylosante.
Le rôle du kiné dans la prise en charge de la spondyloarthrite ankylosante est pluriel.

  • Lors des poussées, il propose une prise en charge avant tout antalgique avec lorsque cela est possible de la balnéothérapie qui montre de bons résultats ;
  • Lors des rémissions, il propose des séances dynamiques afin de maintenir la mobilité et les capacités physiques de la personne et de lutter contre la kinésiophobie (crainte liée au mouvement) ;
  • Il apprend à son patient des mouvements soit un autoprogramme adapté d’exercices à pratiquer à la maison, en alternance avec les séances ;
  • Il lui propose également de la kinésithérapie respiratoire et des exercices adaptés lorsqu’il y a une ankylose de la cage thoracique ;
  • Il contribue à l’éducation thérapeutique du patient : l’informer sur sa maladie, ses traitements, sa vie quotidienne, etc…

De ce fait, le kinésithérapeute est un partenaire essentiel l’amélioration de la vie du patient.

Pour aller plus loin : les associations de patients :
AFS https://www.spondy.fr/
ACS France : https://www.acs-france.org/
AFLAR : http://www.aflar.org/
Spondy(o)action https://spondyloaction.fr/