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La kinésithérapie recommandée dans la prise en charge des plagiocéphalies

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La Haute Autorité de Santé (HAS) et le Conseil National Professionnel de Pédiatrie ont publié ce jeudi 4 mars une recommandation sur la prévention des déformations crâniennes positionnelles (DCP, “tête plate”) sans augmenter le risque de mort inattendue du nourrisson. La recommandation confirme la nécessité d’une prise en charge en kinésithérapie en cas de défaut de mobilité cervicale.

Messages clés

Le couchage à plat sur le dos strict pour le sommeil est recommandé pour prévenir la mort inattendue du nourrisson (MIN). Le principal facteur de risque de la MIN est le couchage en position ventrale ;

Les DCP sont de bon pronostic. Aucune donnée actuelle de la littérature ne permet de conclure à un lien de causalité entre DCP et retard neuro-développemental, troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires ;

Le principal facteur de risque des déformations crâniennes positionnelles (DCP) est la limitation de la motricité libre et spontanée du nourrisson par défaut de mobilité propre ou par contrainte environnementale externe;

L’examen clinique est habituellement suffisant pour poser le diagnostic de DCP. L’imagerie est rarement nécessaire ;

Il est possible de prévenir la survenue des DCP en préservant la mobilité libre et spontanée du nourrisson, tout en respectant les recommandations de prévention de la MIN. Aucune intervention de soins préventive n’est nécessaire ;

Dans les DCP constituées associées à un défaut de mobilité cervicale, l’association précoce de recommandations positionnelles et de kinésithérapie à orientation pédiatrique est l’intervention de choix.

Concernant la prise en charge des plagiocéphalies, le rapport affirme « en complément de ces conseils, il est préconisé de consulter un médecin qui pourra prescrire des soins de kinésithérapie au plus tôt dans le cas où l’enfant a des difficultés à bouger son cou (torticolis). »

Pour les experts, la kinésithérapie doit être prescrite systématiquement en cas de défaut de mobilité cervicale, en complément des conseils de repositionnement chez le nourrisson présentant une déformation crânienne positionnelle constituée.

  • Une ordonnance type pour rééducation neuromotrice d’une asymétrie posturale doit spécifier les éléments suivants : indication médicale, organe cible, localisation, objectifs des soins.
  • Plus le traitement est prescrit tôt (durant le premier mois de vie), plus les chances de normalisation sont importantes.

En revanche, actuellement, les données scientifiques ne permettent pas de recommander l’ostéopathie. Une approche ostéopathique à orientation pédiatrique peut être associée à la kinésithérapie en deuxième intention dans le cadre d’une prise en charge pluri-professionnelle.

À l’occasion de cette parution, revenons sur ce que sont la plagiocéphalie et le torticolis du nourrisson qui sont deux pathologies relativement courantes chez les tout-petits : la première affecterait 20% d’entre eux et la seconde 0,3 à 2 %.
Il s’agit, bien sûr d’un sujet d’inquiétude pour les parents pour lequel une mise au point est nécessaire pour une meilleure sensibilisation et une meilleure prise en charge ainsi que pour tordre le cou aux idées reçues fréquemment répandues.

Le torticolis du nourrisson (ou congénital)

Qu’est ce que le torticolis congénital ?

Le torticolis congénital du nourrisson se caractérise par une malposition en inclinaison et en rotation du rachis cervical chez le nouveau-né.

Il peut être de trois types :

  • Postural : Il correspond alors une malposition transitoire de la tête. Il est alors réductible et souple. (Il n’est donc pas fixé)
  • Musculaire: la malposition de la tête avec tension anormale du muscle sterno-cléido-mastoïdien (un muscle du cou tendu verticalement entre la clavicule et le sternum  La correction est incomplète et plus ou moins difficile.
  • En “olive”. Il s’agit d’un cas relativement rare où un noyaux fibreux de la forme d’une olive apparaît dans corps musculaire au niveau du muscle sterno-cléido-mastoïdien.

Les symptômes du torticolis congénital

Le torticolis congénital se manifeste par :

  • Un capacité limitée pour bébé à tourner la tête d’un côté ou de l’autre
  • Une position et une désaxation de la tête, du tronc ou du visage
  • La présence éventuelle d’une tuméfaction (l’olive) : on sent comme une petite boule dans le muscle
  • Une asymétrie au niveau de l’épaule, du visage ou du port de tête ainsi qu’à l’enroulement ou lors des manœuvres assis/tiré
  • Des rougeurs au niveau du cou du fait de la malposition de la tête qui entraîne des frottements et des irritations.

La plagiocéphalie

80% des cas de torticolis congénital sont associés à une plagiocéphalie.

Qu’est ce que la plagiocéphalie ?

La plagiocéphalie est une déformation du crâne du nourrisson qui se caractérise par un aspect asymétrique qui donne à la tête une forme oblique.
Si de rares cas sont diagnostiqués à la naissance et souvent liés à un manque de liquide amniotique durant la grossesse, la plagiocéphalie apparaît davantage dans les 7 premières semaines de la vie du bébé. Elle peut-être alors causée par une restriction de la mobilité au niveau des cervicales notamment par le fait de placer bébé dans un transat ou un siège auto où il n’est pas libre de ses mouvements. Ceci induit des contraintes répétées sur son crâne et favorise l’apparition d’une asymétrie.
Les conséquences de la plagiocéphalie ne sont pas qu’esthétiques. En association avec un torticolis, elle peut induire une sous-utilisation du membre supérieur qui sera moins regardé – ce qui donne l’impression d’un déficit de force musculaire d’un côté et peut troubler la construction du schéma corporel. Dans des cas sévères, une asymétrie du visage est également possible.

Quels sont les symptômes de la plagiocéphalie ?

Il convient tout d’abord de surveiller que bébé n’adopte pas une position préférentielle (c’est à dire qu’il ne tourne pas toujours sa tête du même côté).
Quand on regarde l’enfant d’au dessus du crâne, on remarque un aplatissement postérieur, éventuellement une avancée de l’oreille du même côté , parfois une bosse sur le front du même côté.
De face, une asymétrie du visage peut être visible.

Le rôle du kinésithérapeute

Plus la prise en charge est précoce et plus les parents s’impliquent, plus le pronostic est favorable.
La prise en charge de la plagiocéphalie et du torticolis par le kinésithérapeute commence par une anamnèse qui lui permet de poser un certain nombre de questions aux parents pour mieux connaître les habitudes de bébé en termes d’installation, d’alimentation, de couchage… afin de leur donner des conseils pour améliorer le positionnement.
Il observe ensuite l’attitude spontanée de l’enfant afin de repérer des signes d’asymétrie.
Il propose une correction manuelle et globale afin de corriger l’attitude spontanée de bébé en s’assurant que celui-ci est bien libre de ses mouvements. En travaillant, en douceur, sur l’ensemble du corps, il vise à libérer l’amplitude articulaire.
Le kinésithérapeute évalue, bien sûr, l’amplitude articulaire au niveau des cervicales et propose à bébé des incitations à orienter sa tête correctement.
Il va également travailler sur les acquisitions motrices propres à l’âge de l’enfant afin d’intégrer sa prise en charge dans quelque chose de fonctionnel.
Dans le cas de la plagiocéphalie, le kinésithérapeute pourra pratiquer des mesures anthropométriques afin de surveiller l’évolution de la plagiocéphalie et évaluer l’efficacité des méthodes proposées.

Mise en garde contre l’ostéopathie crânienne

Le CNOMK souhaite mettre en garde les parents contre l’ostéopathie crânienne qui, faute d’efficacité éprouvée, est susceptible d’induire un retard de soin et une perte de chance pour les nourrissons malgré les discours propagés par ses tenants et par nombre de médias. Or, comme le signale Mme Pascale Mathieu dans une interview donnée au Figaro Santé 1 : « Les discours en faveur de ces pratiques touchent des jeunes parents qui veulent le meilleur pour leur bébé. On leur fait croire qu’ils risquent de passer à côté de quelque chose, que leur enfant peut avoir des problèmes s’ils ne se rendent pas chez un ostéopathe.»

Or, les conclusions du rapport sur l’ostéopathie crânienne du CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique et sciences) remis au CNOMK en janvier 2016 sont claires et ne laissent place ni au doute, ni à la demie mesure :  « les thérapies du champ de l’ostéopathie crânienne sont à ce jour dépourvues de fondement scientifique » et « rien n’encourage aujourd’hui à la mise en place de ces thérapies dans le cadre d’une prise en charge raisonnée de patients. »2

En outre, comme le stipule l’avis du conseil national de l’Ordre du 24 mars 2016 relatif à l’ostéopathie crânienne : “Le kinésithérapeute qui pratique l’ostéopathie doit veiller en toutes circonstances à respecter ses obligations déontologiques, et ne peut proposer à ses patients un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Dès lors il apparaît contraire aux règles déontologiques qui s’imposent à tous les kinésithérapeutes, de proposer des actes d’ostéopathie crânienne. En conclusion, l’ostéopathie crânienne n’est pas un soin conforme aux données scientifiques et sa pratique par un kinésithérapeute constitue une dérive thérapeutique.”

Une consultation chez le médecin ou le pédiatre qui orientera vers un kinésithérapeute sera la meilleure option si vous remarquez des symptômes de torticolis congénital et/ou de plagiocéphalie chez votre bébé.

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1 http://sante.lefigaro.fr/article/l-osteopathie-cranienne-pour-les-bebes-sert-elle-a-quelque-chose/
2 http://www.ordremk.fr/wp-content/uploads/2016/01/CorteX-CNOMK_osteo_cranienne_Janvier2016.pdf