La BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) est une maladie respiratoire méconnue et pourtant fort répandue. En effet, elle devrait devenir, selon l’OMS, la 3ème cause de décès dans le monde en 2030. En France, elle intervient dans plus de 18 000 décès chaque année.
Alors que Santé publique France, avec le ministère en charge de la santé et l’Assurance Maladie a lancé en juin 2019 une grande campagne de sensibilisation sur cette maladie, le CNOMK souhaite relayer son message afin de sensibiliser à un diagnostic précoce mais aussi pour parler des bénéfices de la kinésithérapie dans la prise en charge des malades afin d’améliorer leur qualité de vie.
Qu’est ce que la BPCO ?
La bronchopneumopathie chronique obstructive (ou BPCO) est une maladie chronique inflammatoire des bronches, le plus souvent associée à d’autres maladies. Elle se caractérise par un rétrécissement progressif et une obstruction permanente des voies aériennes et des poumons, entraînant une gêne respiratoire.
Ainsi, chez les malades, l’inflammation des voies aériennes (dont les bronches) provoque un épaississement des parois par atrophie (diminution du volume et de la taille) des muscles lisses, ainsi qu’une hypersécrétion réactionnelle de mucus. Le tissu pulmonaire est également inflammatoire, ce qui entraîne des perturbations cellulaires et des anomalies fonctionnelles. Les alvéoles pulmonaires qui permettent les échanges gazeux lors de la respiration sont progressivement détruites (c’est ce que l’on appelle l’”emphysème”).
80% des cas de BPCO sont directement attribuables au tabagisme (actif et passif) mais d’autres facteurs peuvent également accroître le risque de développer la maladie :
- La pollution de l’air intérieur et extérieur
- Les expositions professionnelles ou domestiques à des poussières et des substances chimiques (silice, poussières de charbon, poussières végétales, moisissures)
- Des infections des voies respiratoires inférieures fréquentes au cours de l’enfance qui peuvent créer, par la suite, un terrain propice au développement de la BPCO.
- Comme dans toute maladie multifactorielle, une composante génétique existe également.
Les personnes considérées comme étant à le plus à risque pour la BPCO sont les personnes âgées de plus de 40 ans :
- qui fument ou ont fumé (quelle que soit la date d’arrêt du tabac),ou qui ont été exposées dans le cadre professionnel à des poussières, fumées, vapeurs ou gaz,et
- qui présentent une toux grasse au réveil avec des crachats, qui dure plusieurs mois et revient chaque année en hiver (bronchite chronique), des bronchites à répétitions, ou qui sont plus facilement essoufflées que des personnes du même âge.
Quels sont les symptômes de la BPCO ?
Les symptômes de la BPCO sont peu spécifiques et au départ, ils sont sous estimés par les malades et apparaissent progressivement et de manière insidieuse :
- Une toux au lever qui ramène des crachats, qui dure plusieurs mois et revient chaque année en hiver (bronchite chronique),
- Des bronchites à répétition
Par la suite, une dyspnée, c’est à dire une difficulté respiratoire pulmonaire s’installe et devient de plus en plus présente et handicapante : les personnes sont de plus en plus essoufflées et certaines activités quotidiennes (comme monter un étage à pieds) deviennent de plus en plus difficiles à réaliser et l’activité physique est sensiblement réduite.
La BPCO peut évoluer vers une insuffisance respiratoire chronique si l’usage du tabac n’est pas stoppé.
Quelles sont les conséquences de la BPCO ?
La maladie, du fait de l’importance gêne respiratoire qu’elle provoque, induit une altération de la qualité de vie et une désadaptation progressive à l’effort qui va conduire à une spirale de déconditionnement.
Une dysfonction des muscles squelettiques (les muscles sous contrôle volontaire du système nerveux central), en particulier ceux des membres inférieurs, est une conséquence fréquente qui représente un facteur de mauvais pronostic.
En outre, la BPCO est une maladie chronique associée à de nombreux autres troubles : on parle de comorbidités. Ces comorbidité peuvent affecter différents organes et des fonctions diverses : métaboliques, musculaires, cardiaques, gastro-intestinales, psychiques (anxiété, dépression)… En moyenne, un patient atteint de BPCO présente cinq comorbidités.
Que faire ?
Si vous fumez ou avez fumé, ou que vous avez été exposé dans le cadre de votre profession à des poussières ou à des fumées et que vous présentez des symptômes qui évoquent une BPCO, vous devez en parler à votre médecin.
Ne banalisez pas les symptômes de bronchite chronique (toux grasse matinale qui persiste pendant plusieurs mois et qui revient chaque hiver) en pensant que c’est une simple conséquence du tabagisme (« toux du fumeur ») : cela peut être le signe d’une BPCO.
En parler à votre médecin va permettre de faire des examens qui permettront le cas échéant de diagnostiquer une BPCO.
Ce diagnostic pourra être établi à l’aide d’un examen appelé « spirométrie » qui permet de mesurer le souffle, et plus précisément les volumes d’air qu’une personne peut expirer en se forçant et la vitesse de cette expiration.
Tout médecin équipé d’un spiromètre et formé à la réalisation de la spirométrie peut réaliser cet examen. Si ce n’est pas le cas, il adressera vous adressera à un pneumologue.
Le kinésithérapeute, dans le cadre du dépistage (prévention) peut être amené à réaliser une spirométrie.
Des traitements pourront alors être mis en place pour soulager vos symptômes et améliorer votre qualité de vie.
Dans tous les cas, si vous fumez encore, il est crucial d’arrêter : l’arrêt du tabac permet, en effet, de ralentir l’évolution de la maladie.
La prise en charge en kinésithérapie
Il n’existe à ce jour pas de traitement à proprement parler de la BPCO. Seul l’arrêt du tabac permet de ralentir la maladie. En revanche, des traitements existent pour ralentir les symptômes et parmi eux, la réhabilitation respiratoire.
Quels sont les objectifs de la kinésithérapie ?
Le kinésithérapeute est partie prenante de la réhabilitation respiratoire qui est utile pour tous les patients présentant une intolérance à l’effort et des limitations dans leurs activités quotidiennes. Cette utilité a été confirmée par une méta-analyse Cochrane de 2015 tant et si bien que la revue a été fermée car on ne saurait faire mieux aujourd’hui pour améliorer la qualité de vie des patients.
La réhabilitation respiratoire repose sur une approche multi et interdisciplinaire, incluant l’exercice musculaire (endurance et renforcement des muscles périphériques, équilibre, posture), éducation thérapeutique (sevrage tabagique, respect du traitement prescrit par le patient, méthodes de prise des traitements inhalés, équilibre nutritionnel, gestions des exacerbations…) et kinésithérapie respiratoire.
Le masseur-kinésithérapeute va non seulement travailler en kinésithérapie respiratoire mais va également viser à remettre le patient en mouvement et à lui faire retrouver une activité physique ainsi qu’à participer à son éducation thérapeutique.
Quelles sont les modalités de la prise en charge de la BPCO en kinésithérapie ?
À raison de séances de 1h30 trois fois par semaine pendant 6 semaines, le kinésithérapeute :
- Utilise les techniques de kiné respiratoire afin de libérer les bronches et ainsi faire que l’air entre et sorte plus aisément ce qui contribue à faciliter l’effort en améliorant les échanges gazeux. Il pourra également aider le patient à bien utiliser les aérosols doseurs qui lui ont été prescrits.
- Vise à remettre le patient en condition physique à travers :
- des exercices d’endurance afin de retrouver une adaptation cardiovasculaire à l’effort
- des exercices de renforcement musculaire, principalement les quadriceps ( muscle antérieur de la cuisse)
- des exercices de coordination, de souplesse et de proprioception.
- Participe à son éducation thérapeutique : c’est un point essentiel car la principale difficulté des soignants est que les patients maintiennent leurs acquis dans le temps et qu’ils modifient de manière durable leur comportement.