Dos, cervicales, épaule, coude, poignets… Les douleurs liées au travail, qu’il soit actif ou sédentaire sont fréquentes et engendrent des conséquences importantes aussi bien pour les employés que pour les entreprises.
Regroupées sous le terme de “troubles musculo-squelettiques” (ou TMS), elles représentent près des ⅘ ème des maladies professionnelles et près de la moitié laissent des séquelles1.
Quels sont ces troubles, par quoi sont-ils causés et comment les prévenir ?
Que sont les troubles musculo-squelettiques ?
Les troubles musculo–squelettiques (TMS) regroupent des affections qui touchent les structures situées autour des articulations : muscles, tendons, nerfs, ligaments, etc.
Les parties du corps les plus fréquemment atteintes sont : le dos, les membres supérieurs (poignet, épaule, coude) et parfois les membres inférieurs (genoux).
Parmi les plus fréquents, on peut citer :
- les lombalgies2 (douleurs au niveau du bas du dos),
- les cervicalgies (douleurs au niveau du cou),
- le syndrome du canal carpien au poignet,
- les tendinopathies de la coiffe des rotateurs à l’épaule,
- l’épicondylite latérale au coude.
La plainte principale est celle de la douleur.
Quels sont les facteurs de risque ?
Si la définition des TMS est relativement floue, on peut d’une manière très générale attribuer leur cause à une inadéquation entre les capacités physiques et psychologiques de la personne et les sollicitations ou contraintes auxquelles elle est exposée.
Pour aller plus avant, il faut bien comprendre la dimension pluri-factorielle des TMS.
Entrent en effet en cause :
- Des facteurs biomécaniques :
-
- La manutention
- Une répétitivité des gestes
- Des efforts exercés
- Un travail statique
Ces facteurs posent problème lorsqu’ils sont en inadéquation avec les capacités physiques de la personne. Cette incapacité physique peut être en lien avec un déconditionnement à l’effort mais aussi les facteurs ci-après.
- Des facteurs organisationnels :
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- Le rythme de travail
- Les horaires
- Les conditions d’exercice (délai de réalisation trop court, temps de récupération insuffisant…)
- Des facteurs environnementaux :
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- L’ambiance thermique
- L’ambiance sonore (le bruit peut être un facteur de risque supplémentaire)
- L’ambiance lumineuse (éclairage inadapté) e
- Des facteurs individuels :
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- La sédentarité
- L’ancienneté au poste
- L’âge et le sexe.
- Certains antécédents médicaux comme le diabète, l’hypothyroïdie, un rhumatisme inflammatoire peuvent augmenter le risque d’apparition des TMS.
- D’autres facteurs comme la surcharge pondérale, la fatigue ou un état de fragilité psychologique peuvent participer à l’apparition des troubles musculo–squelettiques.
- Des facteurs psychosociaux :
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- L’insatisfaction au travail
- La monotonie
- Le manque de reconnaissance
- La pression et le stress
- Des relations sociales dégradées
- L’insécurité de l’emploi
Prévenir les TMS
Prévenir les troubles musculo-squelettiques, c’est, autant que faire se peut, limiter les facteurs de risque.
Employés et employeurs doivent alors agir main dans la main. Ces derniers pourront faire appel à une équipe pluridisciplinaire comprenant des psychologues du travail, des ergonomes ainsi que des kinésithérapeutes qui ont, dans leur cursus de formation initiale, une initiation aux bases de l’ergonomie.
Ils pourront notamment participer à des programmes de prévention mis en place au sein de l’entreprise axé sur l’activité physique. L’objectif étant de lutter contre la sédentarité, principal facteur de risque des TMS identifié à ce jour.
Les kinésithérapeutes sont ainsi aptes à participer à la prévention pour ce qui relève des facteurs biomécaniques en contribuant à l’éducation thérapeutique des professionnels et en leur prodiguant des conseils pour mieux préparer leur corps au travail ou pour mieux récupérer, pour proposer l’adaptation du poste de travail. Il est important de comprendre que tout un chacun est acteur et responsable non seulement de sa santé mais aussi de la prévention des troubles musculo-squelettiques et que le mouvement, les exercices mais aussi l’apprentissage du relâchement au quotidien participent de la prévention.
Cette prévention passe aussi par l’écoute des signes avant-coureurs, comme :
- Une fatigue musculaire localisée et persistante, se traduisant par :
- des courbatures lors de la réalisation d’efforts
- la difficulté à réaliser des efforts réalisables auparavant
- Des picotements ou engourdissements lors d’atteintes nerveuses (canal carpien…)
- Un doigt replié, dans le cas d’atteintes d’une aponévrose (Dupuytren…)
Afin d’éviter que les TMS ne deviennent chroniques et engendrent des séquelles, il importe de consulter lorsqu’une gêne ou une douleur apparaissent et le cas échéant, entamer une prise en charge précoce auprès d’un kinésithérapeute qui entamera une rééducation.
Si les troubles musculo-squelettiques liées à l’activité professionnelle sont aussi variés que multifactoriels, votre kinésithérapeute est aussi bien partie prenante de la prévention que du traitement de ceux-ci.
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1 Source : Assurance Maladie
2 Ces termes ne désignent pas un diagnostic médical. Les pathologies les plus souvent citées sont en lien avec les disques inter-vertebraux et leur dégénérescence, bien que cela constitue un phénomène physiologique