Ne prenons pas les chutes à la légère !
Avec l’avancée en âge, les seniors peuvent être touchés par des déficiences sensorielles, motrices et cognitives ainsi que par des pathologies chroniques limitant leurs activités quotidiennes.
Dans ce contexte de fragilisation mélangé d’un certain âgisme1 qui invite les seniors à la sédentarité, la problématique de la chute liée à une fragilité de la fonction d’équilibre revêt une importance considérable dans une perspective de bien-vieillir.
En effet, ces chutes participent grandement aux risques de perte d’autonomie et d’entrée en institution.
Fréquentes – elles représentent 90% des accidents de la vie courante recensés dans les services d’urgence chez les plus de 75 ans, les chutes chez les seniors ne doivent pour autant pas être prises à la légère.
Ainsi doivent-elles faire l’objet d’une prévention attentive et, lorsqu’elles surviennent, être prises en charge lors d’une rééducation permettant de prévenir les récidives.
Qu’il s’agisse de prévention ou de rééducation, les kinésithérapeutes ont un rôle prépondérant à jouer.
La prévention des chutes
Après 65 ans, 15 à 20% des personnes qui vivent à domicile sont considérées comme fragiles. Or, cette fragilité est associée à un risque plus grand de chutes. De plus, on sait que les changements d’ordre sensoriel (baisse de la vue et de l’audition) et moteur liés au vieillissement (auxquels s’adjoint parfois la prise de psychotropes) altèrent l’équilibre, la posture et la marche.
De fait, les chutes chez les seniors sont multi-factorielles et la prévention devra l’être tout autant.
En kinésithérapie, cette prévention doit être aussi précoce que possible.
Des signes comme un ralentissement de la marche ou des difficultés à se relever de son fauteuil doivent mettre la puce à l’oreille de la nécessité d’une prise en charge.
Le rôle du kinésithérapeute consistera à proposer un programme d’exercices de prévention des chutes basé tout particulièrement sur le travail de l’équilibre (d’après l’INSERM, ceux-ci permettent une réduction significative du risque de chute de l’ordre de 25 %).
Il proposera également des exercices de renforcement musculaire visant à l’amélioration de l’endurance afin de maintenir les capacités fonctionnelles de la personne et compléter le travail sur l’équilibre.
Cette approche multi-factorielle, ciblée et adaptée, intégrant également des conseils pour maintenir les fonctions cognitives, vise à permettre à la personne de demeurer aussi active que possible car c’est bien l’activité physique qui est au cœur de la prévention.
Après la chute : rééducation et prévention des récidives
Après une chute, qui est la principale cause de traumatismes physiques chez les plus de 70 ans, le rôle du kinésithérapeute est, bien sûr, dans un premier temps, de rééduquer la personne blessée.
Mais, même si la chute n’a pas occasionné de lésion, elle ne doit en aucun cas être considérée comme banale chez la personne de plus de 70 ans et doit faire l’objet d’une prise en charge en kinésithérapie. En effet, les chutes sont souvent responsables d’une perte de confiance en soi, pouvant conduire à une restriction des activités. Et, c’est le début d’un cercle vicieux où la sédentarité s’installe et où le risque de récidive devient de plus en plus important. Ainsi, parmi les “chuteurs”, la moitié aurait fait au moins deux chutes dans l’année.
Afin qu’une fragilité supplémentaire – et avec elle une diminution des fonctions motrices et de l’équilibre, ne s’installe, le kinésithérapeute doit mener une prévention secondaire afin de prendre en charge le trouble de l’équilibre. Il proposera un programme adapté à l’âge et à la condition de la personne.
Alors que la population des seniors tend à croître, il est important de dépasser les stéréotypes liés à l’âge et de comprendre que si on ne peut pas stopper le vieillissement, on peut favoriser le bien-vieillir par des programmes de prévention adaptés, reconnaissant les spécificités du grand âge sans pour autant le traiter comme une maladie. La prise en charge kinésithérapeutique de la chute est à ce titre un exemple de pratique adaptée.
1 Préjugé lié à l’âge