Si elles ne datent pas d’hier, les “Fake News” (ou “intox”) fleurissent aujourd’hui en même temps que l’essor des réseaux sociaux. Facebook, Twitter ou encore Youtube sont devenus le terrain de jeu de ceux qui répandent des informations fallacieuses.
Le domaine de la santé est particulièrement touché par ce phénomène de désinformation . En effet, selon l’Observatoire de l’Information Santé, les fausses informations les plus partagées sur les réseaux sociaux sont celles qui touchent au domaine de la santé.
Une étude des Décodeurs a analysé 101 intox diffusées sur Facebook et classées par thèmes. Il en ressort que la santé arrive en tête avec 7 695 216 interactions sur un total de 377 articles.
Du lien présumé entre vaccin et autisme aux vertus anti-cancer du corossol, les fake news, diffusées par des producteurs de contenus peu scrupuleux et désireux de faire le buzz, deviennent virales à vitesse grand V.
La conséquence ? Le développement de fausses croyances qui peuvent être tout particulièrement délétères pour la santé entraînant une errance diagnostique et une perte de chance et la progression des charlatans qui entretiennent une défiance à l’égard des professionnels de santé dont les masseurs-kinésithérapeutes.
Comment faire pour ne pas se laisser contaminer par l’intox et ne pas contribuer nous-mêmes à répandre des fake news ?
Voici quelques pistes !
Se baser sur des éléments factuels et déjouer les discours fallacieux
Lorsque l’on est fragilisé par une pathologie ou qu’un proche est malade, on a tendance à être porté par l’émotion et à se laisser séduire par des discours attractifs faisant appel aux sentiments… quitte à avaler n’importe quoi !
Telle ou telle vidéo vantant les vertus d’un remède miracle semblera souvent autrement plus attractif qu’un article faisant part des limites ou des effets indésirables d’un traitement pourtant efficace.
C’est là qu’une extrême prudence est de mise et il convient de se méfier tout particulièrement :
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Des témoignages
Sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens partagent leur expérience personnelle et vont affirmer que telle ou telle méthode les a guéris. Mais le niveau de preuve en l’expérience personnelle est proche de zéro : il n’y a aucun protocole ni aucune étude derrière ce qu’elles racontent et de fait, il faudrait les croire sur parole. Ce qui rend évidemment leur propos suspect.
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Les appels à la nature
On se méfiera également des discours prônant le “naturel” par opposition au “chimique” ou plutôt au “synthétique” . Ceux-ci glorifient tout ce qui vient de la nature comme des choses forcément bonnes et bienfaisantes. Or, si, par exemple, certaines plantes peuvent avoir un effet positif sur la santé, d’autres s’avèreront inefficaces sinon dangereuses. L’argument du naturel est particulièrement séducteur, surtout dans un contexte de défiance envers les médicaments conventionnels, il n’en est pas moins fallacieux.
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Les appels à la popularité
Lorsque l’on nous dit que ¾ des français ont déjà pris de l’homéopathie ou que 20% des français consultent un ostéopathe, instinctivement, on s’imagine que ces pratiques doivent être efficaces. Pourtant les données de la science ne vont pas dans ce sens et la popularité ne saurait être une preuve.
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Les appels à la tradition
Nous avons tous déjà lu que telle ou telle pratique était ancestrale, utilisé depuis des millénaires. Pour autant, son ancienneté la rend-elle viable ? Ce n’est pas si sûr ! Nous avons abandonné la saignée pourtant utilisée pendant des siècles et nous savons aujourd’hui que l’acupuncture n’a pas plus d’effet qu’un placebo… La tradition est rassurante mais pour autant elle ne saurait être gage d’efficacité.
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Les méthodes qui affirment tout guérir
Une méthode ou un produit qui soignerait à la fois le cancer, la dépression et l’arthrose ? On en rêverait mais une vigilance extrême est de mise face à de telles allégations car force est de reconnaître que si la médecine et le soin font des avancées considérables, les miracles n’existent pas !
Vérifier les sources
Lorsqu’un élément est avancé, demandez-vous toujours d’où il émane. Il peut tout aussi provenir d’une source fiable (institution publique, organisation scientifique à but non lucratif, …) mais également d’une personne, d’un média, d’une association ou d’une entreprise qui peuvent trouver un intérêt (économique, idéologique, religieux, estime, etc.) à diffuser des informations biaisées.
Lorsque vous lisez un article, vérifiez les sources et n’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux études citées. Il n’est pas rare que des journalistes cherchant à faire le buzz opèrent des raccourcis face à une étude descriptive menée par exemple sur des animaux ou sur un très faible échantillon de personnes pour en tirer des conclusions plus que hâtives.
Le schéma ci-après (illustration libre de droits conçue par Stéphane Ponzi) permet de mieux comprendre ce qu’est le niveau de preuve et où se situe le consensus scientifique auquel on peut porter crédit.
Profiter des démarches de désintox ou de “débunking”
Face à l’essor des fake news en santé sur le net et les réseaux sociaux, des institutions ont commencé à riposter. C’est notamment le cas de l’INSERM avec sa chaîne Youtube “Canal Détox” . Cette initiative a pour objectif de combattre la désinformation et de valoriser la parole scientifique. Il s’agit de vidéos au format court visant à décoder l’actualité et à vérifier les informations qui circulent dans le domaine des sciences de la vie et de la santé. Elle s’appuie sur l’expertise des chercheurs de l’INSERM afin de faire le point sur les importantes questions scientifiques sur lesquelles les preuves scientifiques ont du mal à se faire entendre médiatiquement face à la force des rumeurs ou des erreurs diffusées massivement.
Ce nouvel outil vise à faire un point sur l’état des connaissances dans certains domaines scientifiques et médicaux en plein essor et pour lesquels les attentes mais aussi fantasmes sont grands. Pour cela, l’Inserm a choisi d’aller combattre les idées reçues là où ces dernières prolifèrent : sur les réseaux sociaux. Les vidéos de la série mélangent paroles d’experts et animations graphiques dans un format court adapté aux pratiques digitales.
Récemment, le Ministère de la Culture, avec sa Délégation générale à la langue française et aux langues de France, a édité un document qui recense les chaînes YouTube culturelles et scientifiques francophones potentiellement adaptées à un usage éducatif.
Les chaînes ayant trait à la médecine, à la pharmacologie ou à la biologie , fortement marquées par la démarche scientifique seront tout particulièrement utiles en termes de “debunking” des fausses informations santé.
Rester prudent avec les “médecines” alternatives
Le domaine de la santé est, on le sait, particulièrement envahi par des charlatans de tous poils et par des pratiques très diverses se développant en dehors du champ de la médecine. Un groupe de chercheurs a examiné un certain nombre de pratiques de soin non conventionnelles (PNSC) comme la mésothérapie, le jeûne, l’auriculothérapie… Leurs conclusions, étayées par des données scientifiques, sont disponibles sur le site du ministère de la Santé.
L’INSERM met également à la disposition du grand public des rapports thématiques sur son site. Y sont évaluées avec rigueur expertise scientifique des pratiques telles que l’étiopathie, la kinésiologie ou encore l’hypnose.
Enfin, le Collectif Fake Med a développé sur son site une rubrique “Fakedex” visant à fournir des éléments scientifiques sur un certain nombre de pratiques non conventionnelles afin que chacun puisse se faire objectivement son idée.
Autant d’outils qui permettent à tout un chacun de déjouer les fake news en santé et d’adopter une démarche rationnelle vis à vis de leur prise en charge.
CNOMK s’engage contre les fakenews en santé : n’hésitez pas à lui faire remonter des infox en matière de thérapies manuelles