Lettre ouverte de madame Pascale MATHIEU, présidente du conseil national de l’Ordre à madame Agnès BUZYN, ministre des Solidarités et de la Santé
A madame Agnès BUZYN, ministre des Solidarités et de la Santé.
Madame la ministre,
J’ai bien reçu votre message, porté par votre cabinet, que la présidente d’un ordre professionnel devait avoir de la tenue dans le débat public. En clair, dignité, retenue, componction.
Tenant ma légitimité de mon élection, je perdrais mon âme si je ne faisais valoir ma liberté d’expression, si je ne portais haut et fort mes convictions, si je trahissais ma profession pour éviter de déranger en ne calmant pas l’agitation.
L’ordre des kinésithérapeutes mène un combat volontariste contre les dérives thérapeutiques. Il a résolument engagé les kinésithérapeutes dans cette voie, n’hésitant pas à sanctionner en cas de manquement à ces principes. Comment alors imaginer que les kinésithérapeutes comprennent et acceptent votre volonté de les dépouiller de leur identité, de leur cœur de métier, de leur engagement, au profit des détenteurs d’un titre utilisant des concepts pseudo-scientifiques ?
Alors, oui, Madame la ministre, j’irai manifester le 5 juillet 2018.
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- J’irai manifester pour vous dire que les kinésithérapeutes vous faisaient confiance et qu’ils se sentent trahis ;
- pour vous dire que je me suis engagée avec conviction pour accompagner vos projets, et que je ne peux cautionner ce que je vois se profiler ;
- pour expliquer les dangers de la dérèglementation dans la santé ;
- pour expliquer l’absurdité de cette volonté de scinder artificiellement les « troubles organiques » et les « troubles fonctionnels » ;
- pour expliquer que ce qui se profile est le déremboursement de tout ce qui n’est pas organique.
Aujourd’hui ce sont les kinésithérapeutes, demain les autres professions de santé, concurrencés par des non professionnels de santé.
Les divers gouvernements ont hier sabordé l’exercice salarié des kinésithérapeutes, vous engagez aujourd’hui la lourde responsabilité de porter un rude coup à l’exercice libéral.
Il est encore temps d’écouter ce que vous disent des professionnels trop longtemps silencieux.